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jeudi 26 juillet 2012

Surendettement : risque premier pour les professionnels de la microfinance


Résumé du rapport d’enquête Microfinance Banana Skins 2012

« Rester pertinent » c’est le titre en forme de défi du nouveau rapport Microfinance Banana Skins sur les risques perçus en microfinance. Cette formule employée par l’un des répondants à l’enquête illustre un sentiment partagé par les professionnels de la microfinance. Un impératif se dégage : garder le cap pour continuer à offrir un service juste et adapté. Pour beaucoup la microfinance est à un stade de transition et d’ouverture qui influera fortement sur la forme à venir de ce secteur évolutif.
Le message général révélé par l’enquête est que les risques immédiats liés à la crise financière mondiale et aux controverses sur la mission de la microfinance se sont atténués, mais que des questions demeurent sur son orientation future. 

Surendettement : un risque placé en tête en 2012

C’est le principal enseignement de l’enquête 2012 : le surendettement est actuellement perçu comme le risque le plus saillant pour le secteur. Plus de 60% des répondants à l’enquête l’ont classé comme un risque très sérieux, lui attribuant un score de 4 ou 5 sur l’échelle de gravité de 5. Il est globalement considéré comme symptomatique de difficultés plus profondes : excès de crédit dû à une très forte expansion et à l’entrée de nouveaux prestataires, manque de professionnalisme des IMF, concentration sur la croissance et les bénéfices au détriment de la prudence. Il est aussi lié au risque de crédit (n°4), associé à la forte exposition des IMF à l’activité de crédit dans une période d’incertitude économique et d’impopularité des banques.
Le risque de surendettement est-il croissant ou décroissant ? Il est intéressant de noter que les avis divergent sur cette question. Pour les plus pessimistes, les changements structurels intervenus dans le secteur (intensification de la concurrence, plus grande facilité d’accès aux marchés, érosion des normes d’octroi de crédit) vont contribuer à perpétuer l’endettement multiple, voire à l’aggraver. Pour les plus optimistes, le problème est limité à un nombre décroissant de pays et les conséquences sur le bilan devraient être apurées au cours des 12 prochains mois.
L’enquête en bref 
Le rapport Microfinance Banana Skins 2012 présente les résultats d’une enquête menée auprès d’un échantillon international d’opérateurs, d’investisseurs, d’autorités réglementaires et d’observateurs du secteur de la microfinance.

Il se fonde sur les réponses de 360 personnes de 79 pays, recueillies en avril et mai 2012. 
 

Le questionnaire comprenait trois parties : 
 
-la première consistait à demander aux enquêtés de détailler, avec leurs propres mots, leurs principales préoccupations concernant l’avenir du secteur à 2-3 ans ;
 -dans la deuxième partie, ils devaient classer une liste de risques potentiels prédéfinis en fonction de leur importance perçue ;
-dans la troisième partie, ils étaient invités à donner leur avis sur l’état de préparation des IMF aux risques identifiés.

L’enquête concentre son analyse sur les IMF détenant plus de 5 millions USD d’actifs, rentables et dotées d’un potentiel de croissance. Elles seraient au nombre de 650 d’après les estimations du MIX et représenteraient plus de 80% des actifs de microfinance dans le monde.
Note importante : Le format de l’enquête a été révisé cette année, ce qui réduit un peu la comparabilité des résultats par rapport à ceux des années précédentes. Par exemple, le risque qui arrivait en tête en 2011, le risque de réputation, n’était pas présent en tant que tel dans la liste des risques à classer dans le questionnaire 2012.

La qualité de la gestion interne des IMF en question

Sur les 12 premiers risques, huit sont ce qu’on pourrait appeler des « risques institutionnels », c’est-à-dire qui sont sous le contrôle de l’IMF elle-même. La gouvernance (n°2) est largement perçue comme inadaptée et incapable de fournir à l’institution un leadership solide garantissant une gestion saine de la croissance. La qualité du management (n°3) est considérée comme insuffisante dans de nombreux marchés, en particulier ceux sur lesquels les IMF ont tendance à employer des pratiques de crédit agressives pour nourrir la croissance.
Plus précisément on retrouve la qualité de la gestion des risques (n°6) et la gestion des clients (n°7) en tête des préoccupations, cette dernière reflétant l’insuffisance de la prise en compte des besoins et capacités financières des clients. Les doutes relatifs à la qualité de la gestion du back-office (n°12) mettent en cause l’efficacité du contrôle interne et l’efficience générale. Quant au risque de dérive de mission (n°11), il traduit les inquiétudes vis-à-vis d’une tendance qui placerait la recherche de profit avant l’objectif de service aux pauvres.
Les quatre autres sont des risques externes (ingérence politique et réglementation par exemple), mais ils peuvent aussi dans une certaine mesure constituer une réponse de l’environnement extérieur au comportement de l’IMF.
Cela implique dans tous les cas que beaucoup de ces risques pourraient être réduits par un plus grand professionnalisme des IMF. Naturellement ne perdons pas de vue que ce type de généralisation cache des disparités fortes. Beaucoup d’IMF sont gérées avec une grande rigueur professionnelle. Mais ce ne sont pas celles qui font le plus parler d’elles, ni qui influent le plus sur la qualité du secteur.

Risques externes : ingérence politique et concurrence en tête

Le risque d’ingérence politique (n°5) reste élevé en raison de la perception négative qu’ont beaucoup de politiques du niveau des taux d’intérêt pratiqués et de l’éthique des pratiques des IMF. La perception d’un déclin de la qualité des services de microfinance et des normes appliquées par le secteur est pour beaucoup associée à la pression de la concurrence (n°8) qui continue à croître dans la plupart des marchés.
Une inquiétude porte sur les conséquences sur l’accès au financement d’une offre excessive et d’une réputation ternie. Le risque de liquidité passe du 16ème au 10ème rang, l’insuffisance des financements gagne 6 places. Le risque macroéconomique (n°13) grimpe aussi dans l’échelle des préoccupations.

Différences géographiques et par type de répondant 

Si l’on s’intéresse aux réponses par type de répondant, on observe que les opérateurs sont principalement préoccupés par le surendettement et le risque de crédit, tandis que les autres catégories (investisseurs, régulateurs et observateurs) placent les risques institutionnels comme la gouvernance et la qualité de gestion plus haut dans le classement.
Sur le plan géographique, le surendettement et le risque de crédit sont très forts dans la plupart des régions, à l’exception notable de l’Asie. Dans cette région, les risques de liquidité et d’ingérence politique viennent en tête, reflétant les récentes controverses politiques en Inde et traduisant les inquiétudes sur leurs conséquences pour l’accès au financement. Par ailleurs, l’Inde a imposé des contrôles sur les emprunts multiples, ce qui tend à faire baisser la préoccupation relative au surendettement. D’une manière générale, les préoccupations liées à la santé et à l’image de la microfinance sont communes à toutes les régions, mais les autres risques comme la qualité du management, l’intensité de la concurrence, la pertinence de la réglementation ou l’accès au financement tendent à être localisés.
Classement des risques en 2012 (classement 2011 entre parenthèses)
Risques les plus importants
1 Surendettement (-)
2 Gouvernance (4)
3 Qualité du management (7)
4 Risque de crédit (1)
5 Ingérence politique (5)
6 Qualité de la gestion des risques (-)
7 Gestion des clients (-)
8 Concurrence (3)
9 Réglementation (6)
10 Liquidité (16)
11 Dérive de mission (9)
12  Back office (13)
13 Risque macro-économique (17)
14 Ressources humaines (8)
15 Risques externes (-)
16 Gestion de la technologie (11)
17 Insuffisance des financements (23)
18 Taux d'intérêt (coût de financement) (21)
19 Excès de financement (22)
20 Risque de change (24)

Ce coup de projecteur a été réalisé à partir de :
Microfinance Banana Skins 2012 - The CSFI survey of microfinance risk: Staying relevant, Centre for the Study of Financial Innovation, juillet 2012, 54 p.
Sur les précédentes parutions, voir : 
@lamicrofinance.org 

vendredi 20 juillet 2012

L’APP accompagne la professionnalisation du microcrédit




















Le secteur du microcrédit au Maroc reprend enfin des couleurs. Le soutien offert par l’Agence du partenariat pour le progrès (APP) aux associations de microcrédit (AMC) y est d’ailleurs pour quelque chose. Depuis sa création en 2007, l’APP n’a eu de cesse de soutenir l’activité à travers son projet services financiers. Aujourd’hui, l’Agence qui pilote les projets de la Millenium challenge corporation au Maroc accélère son action. C’est ainsi qu’hier, deux conventions de dons ont été signées entre l’APP et les 12 AMC marocaines, dont 8 sont réunies au sein du Réseau de microfinance solidaire (RMS). La première de ces conventions, dotée d’un budget de 46,75 MDH, vise à accompagner les différentes AMC vers le chemin de la transformation institutionnelle. Pour rappel, l’APP avait financé une étude sur la transformation institutionnelle des AMC, à laquelle avait alors participé Bank al-Maghrib et le ministère des Finances en tant qu'accompagnateur. Les conclusions de l'étude seront présentées dans les prochains mois. La transformation n’est pas une fin en soi. Il est important de considérer la transformation comme un moyen. Les domaines d’intervention de cet accompagnement, tels que les ressources humaines, la gestion des risques ou le développement de l’offre, sont autant de domaines et de projets qui viendront renforcer les capacités à la fois institutionnelles et opérationnelles de l’ensemble des AMC. Il s’agit donc d’un préalable indispensable à la transformation, mais c’est aussi une condition sinequanone à la survie des AMC. «Nous prévoyions tout cela car nous sommes convaincus que le projet de loi sur la transformation va passer et qu’à terme ces AMC seront dans l’obligation de se transformer», précise Mohamed El Mazouri, directeur du projet «Services financiers» de l’APP.
Projet de loi à la Chambre des représentants
«Si demain il y a transformation, c’est tout le secteur du microcrédit au Maroc qui sera impacté. Nous avons donc décidé d’élargir le champ de l’assistance technique à l’ensemble des associations» ajoute-t-il. Aujourd’hui, les AMC ne peuvent commercialiser qu’un seul produit. Le projet de loi, actuellement à la Chambre des représentants, permettra aux AMC de se constituer en société anonyme et de commercialiser ainsi de nouveaux produits, comme l’épargne ou la microassurance, et lever des capitaux auprès du marché pour financer un plus grand nombre de micro-entrepreneurs. Deux AMC sont susceptibles de se transformer en S.A : il s’agit d’Al Amana, principale AMC au Maroc en termes d’encours, et la fondation Banque populaire pour le microcrédit. Par ailleurs, une deuxième convention de don, d’un montant de 34 MDH a également été signée. Celle-ci a pour objectif d’appuyer les AMC pour l’implémentation de technologies innovantes. Il s’agit en l’occurrence d’améliorer «l’efficacité opérationnelle et les économies d’échelle à travers l’emploi de nouvelles technologies au sein des AMC», d’«élargir l’offre de services financiers à la clientèle via de nouveaux produits mieux adaptés aux besoins et aux capacités de la clientèle», et d’«affermir les capacités décisionnelles au sein des AMC à travers l’emploi de nouvelles technologies adéquates». C’est ainsi que l’association Al Amana a d'ores et déjà testé un nouveau concept de business intelligence qui permet un meilleur transfert des flux d’informations. Al Amana généralisera ce système dès la fin du mois. De son côté, la fondation BP pour le microcrédit teste actuellement l’utilisation de terminaux de paiements électroniques dans ses agences. En marge de la signature de ces deux conventions, 50 agences mobiles ont été remises à 5 AMC, à savoir l’Association Al Amana, Al Karama, la fondation BP pour le microcrédit, AMSSF et ATIL, afin de mieux servir les régions désenclavées.

Une amélioration, mais...
Le nuage noir qui planait sur le secteur du microcrédit au Maroc, depuis 2008, semble s’être bel et bien s'éloigner. Alors que l’ensemble des AMC vivaient des moments difficiles en termes de chiffres, avec un portefeuille à risque (PAR) élevé, le secteur a réussi à se reprendre en main et à se dynamiser. Depuis le dernier trimestre 2011, le portefeuille à risque (PAR) à 30 jours ne dépasse en effet pas les 5%, après avoir longtemps flirté avec les 8% les années précédentes. De la même façon, il semble que les AMC ont relancé leur plan de développement, en ouvrant de nouvelles agences. Seule ombre au tableau, la centrale des risques, pourtant en place, n’est que trop rarement utilisée par les AMC. Certaines critiquent encore le prix et réclament la gratuité des requêtes, d’autres ne sont tout simplement pas équipées pour y avoir accès.
Par Anne-Sophie MARTIN   @ lesechos.ma 
Jeudi, 19 Juillet 2012 11:50

jeudi 19 juillet 2012

Ramadan Kareem


mercredi 18 juillet 2012

Des associations de microcrédit dotées de guichets mobiles au Maroc


Cinq associations de microcrédit ont été dotées, mercredi à Rabat, de cinquante guichets mobiles leur permettant de desservir les zones enclavées du Maroc et de pourvoir leurs bénéficiaires d'un meilleur accès aux prêts.
Millenium challenge account
Cinq associations de microcrédit ont été dotées, mercredi à Rabat, de cinquante guichets mobiles leur permettant de desservir les zones enclavées du Maroc et de pourvoir leurs bénéficiaires d'un meilleur accès aux prêts.

Cette action s'inscrit dans le cadre du projet services financiers du programme du Millenium challenge account (MCA), qui s'étale sur 5 ans et qui s'articule autour de trois domaines d'interventions, à savoir l'accès aux fonds pour la micro finance, le développement de nouveaux produits financiers et l'amélioration de l'efficacité d'exploitation et de la transparence.

S'exprimant lors de cette cérémonie, le chef du gouvernement, M. Abdelilah Benkirane, a indiqué qu'il s'agit d'un "partenariat efficace qui permettra au Maroc de se doter d'un savoir-faire et de compétences utiles dans ses projets de développement".

M. Benkirane s'est dit "optimiste" quant aux résultats positifs de ce projet qui contribuerait, sans doute, au développement socio-économique du pays.

Pour sa part, l'ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, s'est félicité des relations de coopération privilégiées entre son pays et le Maroc, soulignant la particularité et l'importance du projet services financiers qui facilite l'accès des gens aux financements pour réaliser leurs projets et s'affirmer au sein de la société.

Les guichets mobiles, qui s'appuient sur les nouvelles technologies, permettront une célérité dans le traitement de l'information et une amélioration des prestations des associations de microcrédit (AMC), selon le directeur de l'Agence du partenariat pour le progrès (APP).

Ces guichets compléteront le réseau fixe existant de ces associations qui ont "pensé à se restructurer et à diversifier leurs prestations", a précisé M. Morad Abid.

Par la même occasion, il a été procédé à la signature de conventions de dons avec douze AMC d'un montant total de 5,5 millions USD (46,75 millions DH) pour l'assistance technique relative à leur transformation institutionnelle et de 4 millions USD (34 MDH) pour l'appui à l'implémentation de technologies innovantes.

L'assistance technique des AMC portera essentiellement sur l'audit organisationnel, la diversification des produits et le conseil juridique, fiscal et financier, a expliqué Mohammed El Mazouri, directeur du projet services financiers.

Ces actions viennent soutenir les efforts consentis par le programme MCA Maroc de 700 millions US pour la lutte contre la pauvreté au profit de 600.000 bénéficiaires.

Map

Symbiotics NewsWatch #219, 17 July 2012


              Jul. 17
Micro Loans in Namibia Grew by 34% in 2011
              According to a report attributed to the Namibia Financial Institutions Supervisory Authority (NAMFISA), a regulatory body under the Namibian Ministry of Finance, microloans outstanding in Namibia grew by 34 percent during 2011, reaching a total amount of NAD 1.5 billion (USD 183 million).
Source: Inamibia

              Jul. 17
Notre Dame, MIT Economists Demonstrate Wage Impacts of Large Microfinance Program
              A major argument in favor of microfinance is that the poor who live in areas without banking services will gain higher returns on investments and increase their assets when provided with credit.
Source: Market Watch

              Jul. 16
India: Bangalore MFI Janalakshmi raises $14.6M from GAWA, IFIF & others
              Bangalore-based microfinance institution Janalakshmi Financial Services Pvt Ltd has raised another Rs 80 crore ($14.6 million as per current exchange rate) in its Series C round of funding, taking the total amount raised in Series C to Rs 145 crore. The second tranche comes a year after the microfinance institution raised the first tranche led by Citi Venture Capital International (CVCI).
Source: VCCIRCLE

              Jul. 15
A Gateway to West Africa, Ghana is About to Take Off
              That Ghana and Nigeria now have space programmes is a measure of how much and how quickly Africa is changing. Ghana is a country that exemplifies the change.
Source: The Financial Times

              Jul. 14
Bangladesh: MRA Set to Create Database to Bridge Gap of Information in MFIs
              The microcredit regulator is set to create a database consisting of all the information related to country's microfinance institutions (MFIs).
Source: The Financial Express

              Jul. 13
IFC’s Loan to Vietnam’s Orient Commercial Bank Increases U.S. Dollar Financing for Small Exporters and Importers
              IFC, a member of the World Bank Group, has agreed to provide Vietnam’s Orient Commercial Joint Stock Bank with a $10 million loan to increase U.S. dollar financing for small businesses in the export and import sector, helping sustain their operations amid the global credit tightening.
Source: IFC

              Jul. 10
Why Don’t Low-Income Mexicans Use Formal Savings Products?
              In contrast to many jurisdictions where CGAP works, Mexico has a highly urbanized population of well over 70%, enabling its population to have relatively easier physical access to banks and other financial service providers. Yet, current estimates indicate that between 50-65% of the population are unbanked and a large proportion of them are de-banked” – meaning that they once had access to a formal financial service but then decided to stop using it.
Source: CGAP

L’APP table sur le micro-crédit

  • Un programme dédié aux associations de micro-crédit
  • Un soutien de plus de 225 millions de DH
L’Agence du Partenariat pour le Progrès (APP) parie sur le micro-crédit. En effet, l’établissement public vient d’adopter un nouveau projet dédié aux Associations de Micro-Crédit (AMC). Il s’agit du programme services financiers qui a pour objectif d’améliorer les conditions d’accès des micro-entreprises marocaines aux services financiers ainsi que le développement du secteur. Concrètement, depuis l’entrée en vigueur, en 1993, de la loi 18-97 sur le micro-crédit, plusieurs associations ont pu voir le jour et ce, grâce au soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’USAID, ainsi que d’autres bailleurs de fonds. Sur ce registre, l’APP, qui a pour vocation de promouvoir les secteurs de développement durable et à caractère social, compte mettre en application ce projet à travers trois instruments, notamment l’accès aux fonds pour la micro-finance, le développement de nouveaux produits financiers et l’amélioration de l’efficience opérationnelle et de la transparence.
L’instrument dédié à l’accès aux fonds consiste à octroyer un montant de plus de 225 millions de DH (25 millions de dollars US) à Jaïda, institution de refinancement de référence dans le secteur local du micro-crédit. Le soutien de l’APP vise à renforcer l’assise en fonds propres de Jaïda et ce, dans l’objectif de lutter contre la pauvreté en permettant un accès au financement au profit de petits porteurs de projets. Quant à celui lié au développement, il prévoit un financement qui vise à développer de nouveaux produits financiers, comme les services d’épargne. Il soutient également l’assistance technique aux institutions financières pour les aider à mettre en œuvre les recommandations du plan d’action. En clair, il est question, entre autres, d’alléger le coût d’une transformation future pour les Associations de Micro-Crédit (AMC), de renforcer les autres AMC afin qu’elles puissent faire face au nouvel environnement réglementaire et diversifier les produits dans le cadre de partenariats avec les banques et les assurances.
Pour le volet efficience, l’APP compte aider les institutions financières à améliorer leur efficacité opérationnelle et à renforcer leur transparence, notamment à travers les technologies durables. Elle contribue également à la préparation des associations de micro-crédit à se conformer aux exigences de Bank Al Maghrib et l’émergence d’agences mobiles pour encourager les AMC à explorer de nouvelles approches afin d’optimiser leur couverture géographique.
Agences mobiles
Parmi les modalités du programme services financiers de l’APP, figure l’appui à l’implémentation des unités mobiles. Ce thème vise à encourager les associations de micro-crédit à tester de nouvelles approches afin d’étendre leur portée juridique. Il tend aussi à augmenter le nombre des bénéficiaires dans les zones rurales et enclavées. Pour Es-said Azzouzi, directeur du département Suivi et Evaluation, l’implémentation des agences mobiles s’est avérée «une activité économiquement rentable» qui permet aux plus défavorisés de bénéficier des avantages du micro-crédit, notamment à «Khenifra et Errachidia, où des bénéficiares ont pu contracter jusqu’à 5 micro-crédits consécutifs».
@leconomiste.com

Micro-assurance: Les pistes à explorer

  • Diversification de l’offre et simplification des procédures
  • Une expérience limitée à La Marocaine Vie et Inmaa
  • Un partenariat entre les opérateurs financiers et l’Etat très attendu
La micro-assurance peine à se développer au Maroc. La première expérience remonte à 2010 avec une assurance décès-invalidité et une assurance accidents corporels à raison de 22 DH par an et par produit. Cette formule a été expérimentée par La Marocaine Vie et l’association Inmaa. La CDG semble vouloir lui donner un coup de pouce en organisant une table ronde sur «La micro-assurance, état des lieux et perspectives», avec le Centre Mohammed VI de soutien à la micro-finance solidaire, hier à Rabat. L’offre n’est pas diversifiée, elle limitée à l’assurance vie. Pour cela, Caroline Phily, responsable au Bureau international du travail, a annoncé les différents défis du secteur auxquels le Maroc devrait s’attaquer. Le plus en vue concerne l’information. En effet, «étant difficile d’accéder aux caractéristiques de la demande, il demeure ardu de tarifer un produit et de définir les mécanismes de protection», a-t-elle dit lors de cette rencontre.
Selon elle, une culture d’assurance s’avère nécessaire pour rendre le système plus tangible et créer un climat de confiance entre assureurs et assurés. L’autre défi est la simplification des procédures pour permettre de faire la différence avec les assurances traditionnelles. Il s’agira à titre d’exemple d’«exiger moins de pièces à fournir lors de l’inscription». Il sera aussi question d’«adapter la périodicité de paiement aux besoins et possibilités des assurés».
Par ailleurs, la rentabilité de la micro-assurance dépend de nombreux facteurs dont la stratégie de commercialisation et le mode de rémunération des agents commerciaux, a noté Marc Nabeth, responsable du département CGSI Consulting, société de conseil dédiée aux métiers de l’assurance. Pour lui, la liste des produits sur lesquels les micro-assureurs pourraient se lancer est longue. Ainsi, il a proposé d’étendre la micro-assurance aux secteurs de la santé, de l’épargne retraite et de l’automobile.
Pour pallier ces difficultés, les participants à cette table ronde ont suggéré aux organismes qui voudraient se lancer dans la micro-assurance de diversifier l’offre et de ne pas commencer par des produits liés à la santé. En outre, Caroline Phily a préconisé le test des nouveaux produits à petite échelle. En effet, les principales options d’assurance à envisager concernent d’abord la multi-risque pour les filières agricoles, offrant au petit et moyen agriculteur l’avantage de mutualiser un ensemble de risques dont la sécheresse.
L’autre option porte sur l’assurance indicielle qui permet de réduire les charges d’évaluation des sinistres en se basant sur l’événement lui-même et non sur les pertes réelles. Les spécialistes de la micro-assurance ont également appelé les opérateurs financiers et le gouvernement à travailler en synergie afin d’apporter des solutions assurancielles à la fois aux assurés et aux assureurs.
Complément du microcrédit
La micro-assurance permet aux catégories sociales à faible revenu d’accéder à des produits sans pour autant recourir au prêt, notamment le microcrédit. Ce dernier compte en effet 10 millions de cibles potentielles. Depuis la naissance du microcrédit, 40 milliards de DH ont été octroyés à quelque 796.000 bénéficiaires. Aujourd’hui, le secteur connaît une crise liée à une forte augmentation des impayés. En 2011, les portefeuilles à risque dans les associations oeuvrant dans le domaine ont atteint le seuil de 6%.
 @leconomiste.com

lundi 16 juillet 2012

FINANCEMENT MICROCRÉDIT, L’ASSAINISSEMENT TOUCHE À SA FIN


FORTE BAISSE DES CLIENTS ACTIFS SUR LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES
RECUL DE 7 POINTS DU PORTEFEUILLE À RISQUE À 30 JOURS À 4%

Financement Microcrédit, l’assainissement touche à sa fin
La politique de décroissement du crédit mis en place par les principaux acteurs du marché a permis de baisser considérablement les clients actifs des AMC. Autre conséquence, la production a baissé pour la troisième année consécutive





Échaudées par la montée du risque ces dernières années, les associations de microcrédit (AMC) ont poursuivi l’assainissement de leur portefeuille en 2011. L’encours des crédits a baissé pour la troisième année consécutive après une croissance annuelle moyenne de 62% entre 2006 et 2008. Le total des prêts des AMC est ressorti à 4,6 milliards de DH à fin 2011, en recul de 3%. Les dernières statistiques à fin mars 2012 laissent ressortir une nouvelle baisse de l’encours. «La baisse de la production est un choix délibéré pour faire face à la crise des impayés», relève Hicham Talib, membre du comité exécutif d’Al Amana Microfinance. L’année dernière, les prêts à l’habitat social ont chuté de 19% alors que les concours à la microentreprise ont stagné, révèle Bank Al-Maghrib. La profession a ramené le portefeuille à risque à 30 jours à 4% en 2011 contre 7,4% en 2010 et 11% en 2009. Pour les AMC, la baisse du coût du risque s’est traduite par une forte hausse des profits. Ils se sont établis à 108 millions de DH, en augmentation de 83 millions de DH.
Aujourd’hui, les AMC ne récupèrent plus automatiquement les clients recalés au niveau des guichets bancaires et des sociétés de financement spécialisées. Elles sont devenues aussi rigoureuses que les autres établissements de crédit sur les conditions d’octroi. Al Amana, la Fondation Banque Populaire pour le microcrédit, Fondep et Ardi, qui détiennent près de 90% du marché, ont mis en place, depuis quelques années, une politique de décroisement des crédits. De plus, les AMC ont accès au crédit bureau, ce qui permet d’avoir plus de visibilité sur les engagements de la clientèle. Résultat, le portefeuille clients des AMC s’est considérablement réduit depuis 2008. Pour Al Amana, «la part des clients croisés est passée de 36% en fin 2008 à moins de 10% actuellement», révèle Talib. Elle a gommé près de 200.000 clients de son portefeuille dont 120.000 avaient des crédits croisés. Globalement, au niveau du secteur, les clients actifs sont passés de 1.250.000 en 2008 à moins de 800.000 à fin 2011, soit une baisse de plus de 450.000 en l’espace de trois ans.
Naturellement, les créances en souffrance ont significativement baissé. Elles sont passées de 300 millions de DH en 2009 à 200 millions de DH à fin 2011. Elles sont couvertes à hauteur de 79% par les provisions, soit une amélioration de quatre points par rapport au niveau de 2010.
Si les gros opérateurs ont plus ou moins bien négocié la période difficile, les petites structures ont été frappées de plein fouet par la dégradation de l’activité. D’où le renforcement des interventions des autorités de contrôle. Des amendements ont été apportés à la loi sur le microcrédit. Ceux-ci doivent, entre autres, faciliter la transformation des AMC en société anonyme. Ce statut leur permettra surtout d’avoir accès à de nouvelles sources de financement. Les nouvelles dispositions doivent en outre faciliter l’agrégation des petites unités à un grand opérateur.

@leconomiste.com 

vendredi 13 juillet 2012

African Microfinance Transparency (AMT) Transfère son Secrétariat au Sénégal


  

Communiqué de Presse

African Microfinance Transparency (AMT) Transfère son Secrétariat au Sénégal
 
     
   
 

Implantation du Secrétariat à Dakar
Dakar, 11 juillet 2012 - Depuis son lancement en 2003 par l’association luxembourgeoise ADA (Appui au Développement Autonome), le Secrétariat d’AMT était installé au Luxembourg. Afin de rapprocher le Secrétariat de ses membres et de leurs réalités, il était temps pour AMT de prendre le large et d’implanter son Secrétariat en Afrique. En effet, AMT compte à ce jour 53 institutions de microfinance (IMF) africaines parmi ses 64 membres, qui représentent au total plus de 3,3 millions de clients sur le continent africain.
C’est à Dakar (Sénégal) que l’association a choisi d’implanter le nouveau Secrétariat. Ainsi, depuis mai 2012, la coordination d’AMT a installé ses bureaux dans l’immeuble qu’occupe également l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés (AP/SFD-Sénégal). Photo ci-dessus : le président d'AMT, M. Kimanthi Mutua, et le président de l'AP/SFD, M. Ousmane Thiongane, inaugurent la plaque d'AMT devant les nouveaux bureaux.
 
   
 

Les nouveaux bureaux ont été inaugurés le 11 juillet 2012. Le Président d’AMT, les membres du Conseil d’Administration (photo ci-contre) et les membres sénégalais de l’association étaient présents, ainsi que 60 représentants du secteur du développement et de la microfinance au Sénégal.
Depuis le 25 mai 2012, AMT est officiellement reconnu par le Ministère de l’Intérieur sénégalais comme association étrangère implantée sur son territoire.
Afin de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années par Emma-Jayne Paul à Luxembourg, AMT a recruté une nouvelle coordinatrice pour gérer le Secrétariat à Dakar. C’est une sénégalaise, Mme Maissata Ndiaye Niasse, qui a été sélectionnée pour prendre la relève.
 
   
 

Interview de Maissata Ndiaye Niasse
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?
J’ai forgé mon expérience professionnelle en microfinance auprès de l’International Network of Alternative Financial institutions (INAFI) où j’étais responsable du renforcement des capacités, de la communication et du plaidoyer de 2000 à 2009. J’étais basé à Nairobi (Kenya) puis à Dakar (Sénégal).
J’ai également suivi plusieurs formations de haut niveau : Institut Boulder (2002), diplôme d’études supérieures en Diplomatie et Stratégie du CEDS (2007), Master Africain en Microfinance du CESAG (2010), Certificat de Développement Communautaire par le Leadership Féminin de l’Institut COADY (2011).
Quelles sont vos premières impressions en tant que nouvelle coordinatrice d’AMT ?
Je suis agréablement surprise par le travail considérable qu’AMT a déjà accompli au bénéfice de l’information et de la transparence du secteur de la microfinance en Afrique. Je considère qu’AMT ouvre de réelles perspectives pour les IMF non notées et les encourage à la notation au vu du manque réel d’informations fiables dans le secteur de la microfinance.
Quels objectifs fixez-vous pour AMT pour les prochains mois, les prochaines années ?
Je m’engage pleinement à mieux faire connaître AMT, à accentuer les activités d’échanges surtout entre IMF notées et non notées d’Afrique, à harmoniser les besoins des IMF et les offres des investisseurs du secteur, à assurer un équilibre régional de sa représentativité, à mieux utiliser la notation comme instrument de renforcement des capacités des IMF membres et enfin à faire d’AMT un forum vibrant pour toutes les IMF africaines et parties prenantes de la microfinance en Afrique.

Evènements à venir
Les mois à venir seront riches en activités pour AMT avec, en particulier l’organisation de la 5ème Foire aux Investisseurs en Microfinance du 11 au 12 octobre 2012 à Tunis (Tunisie). L’étude transversale sur la performance des IMF africaines sera également mise à jour dans les prochains mois.
 
   
 

Au sujet d'AMT
Créé en 2003, AMT est devenu en 2008 une association constituée légalement et enregistrée en Afrique du Sud avec, depuis 2012, un bureau de représentation à Dakar, au Sénégal. L’association vise à promouvoir la transparence et le renforcement des performances des IMF africaines afin d’améliorer l’efficience de leurs actions et activités en termes de réduction de la pauvreté. Elle cherche à atteindre ce but en développant le recours aux notations par les IMF africaines de manière à promouvoir leur croissance, leur développement et leur professionnalisation.

Les membres d’AMT sont constitués d’IMF africaines notées, dont certaines furent les premières à réaliser une notation en Afrique, ainsi que des quatre principales agences de notation spécialisées actives sur le continent. Une liste complète des membres peut être consultée sur notre site internet.
Pour plus d’informations sur AMT, veuillez nous contacter à info@amt-forum.org ou visiter notre site internet : www.amt-forum.org

mercredi 11 juillet 2012

Symbiotics NewsWatch #218, 10 July 2012

Jul. 09Philippines: Rural Banks
The recent anniversary celebration of the Rural Bankers of the Philippines–Microenterprise Access to Banking Services (RBAP–MABS) showcased how the concept and importance of microfinance has evolved in the last 15 years.
Source: MB
 
Jul. 06Can Myanmar Leapfrog Towards Financial Inclusion?
After years of isolation, the country is finally opening itself up as can be seen by the number of international investors stepping at the door.
Source: CGAP Microfinance Blog
 
Jul. 05Nick Kristof on Microfinance, Banking Access and a Way Out of Poverty
In New York Times, Nicholas Kristof gives the example of a family in Malawi that improved their lives as the result of a village savings group. We know that access to banks, cooperatives, and microfinance institutions has allowed many adults like the Nasoni family to safely save for the future, invest in an education or insure against risk, but just how widespread is the use of formal financial products worldwide?
Source: World Bank
 
Jul. 04Fallout of a Crisis: The Future of Microfinance in India After Andhra Pradesh
From humble beginnings as rural giving built on a charity model, microfinance in India has grown into a multi-billion dollar industry over the last several decades. Andhra Pradesh (AP), an agrarian state located in southern India, found itself at the epicenter of Indian microfinance and MFIs in the region were among the first to attract interest from mainstream investors.
Source: Huffington Post
 
Jul. 03Overindebtedness is a Top Issue in MF Sector: Microfinance Banana Skins Survey 2012
The Microfinance Banana Skins Survey 2012 highlights concerns about overindebtedness, which was ranked as a top risk by over half of participating respondents. The report describes the risks facing the global microfinance industry in the early part of 2012, a time when it is struggling to recover from the global financial crisis, and from attacks on its reputation as a service to the world’s poor.
Source: Microfinance Focus
 
Jul. 02€8 million Loan to Bosnia's Partner Microcredit Foundation for On-Lending to MSEs
The EBRD is continuing to increase the availability of financing to the real economy in Bosnia and Herzegovina with an €8 million loan to Partner Microcredit Foundation for on-lending to micro and small enterprises (MSEs).
Source: Balkans

vendredi 6 juillet 2012

LAFARGE LAUNCHES A MICROFINANCE PROGRAMME FOR AFFORDABLE HOUSING


NYSE Euronext Paris: LG
Lafarge has launched a microfinance programme for affordable housing. This represents an initial concrete response to one of the nine main ambitions of the SUSTAINABILITY AMBITIONS 2020 plan announced by Lafarge. The objective is to enable 2 million people to have access to affordable and sustainable housing between now and 2020.
The microfinance programme is targeted at people in emerging markets with low purchasing power to help them finance the construction, extension or renovation of their homes. The programme will be first launched in Indonesia, Honduras, Zambia, the Philippines and Nigeria.
For the project, Lafarge has joined forces with CHF International (Cooperative Housing Foundation), an NGO with more than 40 years’ experience in housing microfinance and 60 years in urban and housing solutions. Other partnerships will be formed with NGOs or public organisations to support the development of the project. The programme should involve around €10 million over the next two years.
Lafarge will work in partnerships with local microfinance institutions to grant loans of an average of €2,000 over a term of two to three years. Lafarge offers an innovative approach, helping borrowers during the various stages of their construction project. Counsellors trained and managed by Lafarge will offer personalised support, which may include an architect visit or drawing up plans.
The Group’s approach aims to provide custom-made responses suited to the needs of local populations. More than 1 billion people are currently unable to access decent housing. Faced with this challenge, Lafarge – world leader in construction materials – has developed a strong expertise in the area of affordable housing.  To identify these needs as best possible, Lafarge draws on its local presence and partners – such as NGOs, public authorities, developers and banks – involving them in the implementation of its affordable housing construction projects. In order to make this a long-term approach, Lafarge funds projects with a profitable business models.
General information
Located in 64 countries with 68,000 employees, Lafarge is a world leader in building materials, with top-ranking positions in its Cement, Aggregates & Concrete businesses. In 2011, Lafarge posted sales of 15.3 billion euros.
For the second year in a row, Lafarge ranked amongst the top-10 of 500 companies evaluated by the “Carbon Disclosure Project” in recognition of their strategy and actions against global warming.  With the world’s leading building materials research facility, Lafarge places innovation at the heart of its priorities, working for sustainable construction and architectural creativity.

jeudi 5 juillet 2012

Morocco Alternative Finance Monitor

  Participez au vote disponible sur Morocco Alternative Finance Monitor

Assurance vie : Swiss Life commercialise un contrat « charia compatible »



 

La
 finance islamique est un compartiment de la finance éthique. Elle recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes à la Charia qui reposent sur 3 interdictions (intérêt, réalisation d’investissements aléatoires et incertains, spéculation hasardeuse) et 2 obligations (partager les profits et les pertes, investissement exclusif dans l’économie réelle et tangible). A ces principes s'ajoute l'exclusion de certains secteurs d’investissement (tabac, alcool, pornographie, jeux d’argent…).Swiss Life
 lance Salam-Epargne & Placement, un contrat multisupports qui permet d’investir dans laSicav Salam-Pax Sicav, fonds de fonds comprenant des OPCVM répondant aux principes de la finance éthique et islamique. « Ce contrat répond aux demandes de certains investisseurs particuliers désireux de suivre les principes de la finance islamique et éthique et est à ce titre, certifié par le CIFIE (Comité indépendant de la Finance Islamique en Europe, NDLR) », explique, dans un communiqué, Eric Le Baron, directeur général de Swiss Life Assurance et Patrimoine.
Salam-Epargne & Placement permet des versements libres, avec un capital initial minimum de 1 500 €. Les frais sur versement sont fixés à 4,95 % et les frais de gestion sur unités de compte de 1,10%. Le contrat sera distribué dans un premier temps par les réseaux de courtiers.

mercredi 4 juillet 2012

La finance islamique est-elle vraiment si différente ?

Les stéréotypes sur la finance islamique sont légion. Pourtant, c’est une finance qui se veut ouverte à tous les acteurs. La doctrine musulmane, de même que la philosophie libérale, incite à l'entrepreneuriat, au commerce, et encourage le profit.



La finance islamique est née et s’est développée dans les pays musulmans du Golfe et de l’Asie du Sud-Est depuis près de 40 ans. Elle est ainsi présente en Malaisie, au Bahreïn, à Singapour et dans d’autres pays de la région. Des institutions financières islamiques existent également sur le continent africain au Maroc, en Tunisie ou encore au Soudan. Des banques et des fenêtres islamiques ont également vu le jour en Europe occidentale, notamment en Grande Bretagne et en France, ainsi qu’aux Etats Unis. De grandes banques occidentales, y compris françaises, se sont implantées dans la région du Golfe et excellent dans le développement d’une activité conforme au droit musulman pour proposer des produits islamiques aux entreprises et aux banques islamiques de la région.
C’est une finance qui se veut ouverte à tous les acteurs, et pas seulement à ceux de confession musulmane. Certains acteurs des marchés financiers s’y intéressent d’abord parce qu’elle répond à leurs principes moraux. D’autres pour les performances financières dont elle est capable. La clientèle des non-musulmans semblerait d’ailleurs majoritaire pour certains produits, à en croire les déclarations de certains gérants de fonds islamiques. Il s’agit donc d’une forme de finance alternative conforme à l’éthique musulmane et offrant des solutions authentiques pour les opérations de financement et d’investissement. Elle a de nombreux points communs mais également de réelles différences avec la finance conventionnelle.
Avant d’être « islamique », c’est avant tout une forme de « finance ». En effet, de même que la philosophie libérale, la doctrine musulmane incite à l’entreprenariat et au commerce, et encourage le profit. Toutes deux poursuivent donc des objectifs proches en termes de performance financière. Toutefois, si en finance conventionnelle, la norme qui préside aux décisions financières est l’optimisation du couple risque-rentabilité, la performance n’est pas l’unique ni le principal critère de décision pour les opérateurs islamiques. Comme dans d’autres formes de finance éthique et socialement responsable, la recherche de profit ne devrait pas être la seule finalité d’une opération financière islamique. Par conséquent, la spécificité vient du fait que, dans sa définition de la rationalité économique, la finance islamique prend en compte une notion plus large, celle de l'intérêt général.
La finance islamique consiste donc à structurer des produits répondant à cette double exigence, à la fois financière et conforme à l’éthique musulmane. Il en découle que la finance islamique moderne est régie par un ensemble de règles applicables aux relations économiques et commerciales que les théoriciens regroupent dans cinq principes fondamentaux :

1.     L'interdiction de l'usure :

L’interdiction de l’usure (riba) se traduit le plus souvent par une interdiction de l’intérêt. Aussi, la grande majorité des penseurs musulmans ne font aucune distinction entre l'usure et l'intérêt, étant tout deux le fruit de l'écoulement du temps et non de la rentabilité d’un projet sous-jacent. C’est la raison pour laquelle ils sont prohibés, considérés comme des sources  potentielles d'une mauvaise allocation des ressources au niveau de la société.

2.     Le partage des profits et des pertes :

Si la pratique de l’intérêt est interdite, le prêt en soi ne l'est pas. Toutefois, toute rémunération du prêteur, doit être fonction des résultats du projet qu'il finance. Ce principe implique que le pourvoyeur de fonds et celui qui les utilise doivent partager le risque économique de manière équitable. Pour une banque islamique, cela signifie que les dépositaires, la banque et les emprunteurs partagent tous les risques et les revenus des projets financés par les dépôts relevant de ce principe.

3.     L'interdiction de l'incertitude et de la spéculation :

La prise de risque n'est pas interdite en Islam, au contraire, elle est même encouragée car, en plus de la marge commerciale et en l’absence de taux d’intérêt, c’est la seule source reconnue de rentabilité.  L'incertitude (maysir) ou la dissymétrie dans les termes d'un contrat cependant le sont, ces derniers pouvant aboutir à la spéculation (gharar). Il est ainsi interdit d'acheter ou de vendre un bien dont le prix ou les caractéristiques seraient définis ultérieurement. C’est ainsi que les contrats d'assurance traditionnels et les produits dérivés par exemple sont considérés non conformes aux principes de la finance islamique.

4.     L’adossement à un actif tangible :

L'argent, instrument concourant à la création de valeur et à faciliter les échanges, ne peut en soi faire l'objet d'un échange. Le rôle attribué à l’argent en Islam est en effet bien explicité comme un capital potentiel ne pouvant devenir réel qu’après association avec une autre ressource, en l’occurrence le travail et l’effort, dans un objectif d’entreprendre une activité productive. Il ne représente qu’un simple moyen d’échange, sans aucune utilité intrinsèque. Il ne remplit donc pas ce rôle de transfert inter temporel de valeur qui lui est reconnu dans les économies occidentales. L’interdiction du commerce d’argent écarte par conséquent tout profit tiré d’une transaction purement financière.
Ainsi, toute opération financière nécessite d'être adossée à un actif tangible. C’est l’assurance qu’il existe un bien réel clairement identifié comme étant l’objet de la transaction, ce qui d’une part en garantit la traçabilité et d’autre part permet de raccrocher la sphère financière à la sphère réelle.

5.     L'interdiction de certaines activités et produits:

La finance islamique obéit non seulement à l’interdiction de l’intérêt et de toute spéculation, mais également  à une obligation de responsabilité sociale. Ainsi quelque soit la forme du mode de financement, certains secteurs d’activité, répréhensibles du point de vue éthique et religieux, sont exclus. C'est le cas des jeux de hasard, du tabac, de l’alcool, de l’élevage porcin, de l’armement, ou encore de la pornographie.
Cette articulation particulière entre finance et religion qui caractérise la fiance islamique est à l’origine du développement de produits spécifiques. La finance islamique est ainsi dotée de ses propres instruments financiers dans les domaines de la banque commerciale, du financement de projets, de la banque de marché, de la gestion d’actifs par exemple. Il s’agit pour la plupart d’engagements de gré à gré à l’instar des contrats MurabahaIjaraMudharabaMucharaka ou Takaful. La majorité de ces opérations sont encore très peu standardisées et souvent élaborées sur mesure. Il existe également des produits financiers islamiques cotés tels que des fonds, des indices boursiers et des trackers sur indices. Toutefois, ces marchés sont encore assez peu profonds et faiblement liquides, comparés à leurs équivalents conventionnels. Le caractère islamique d’un produit financier est validé par un conseil de conformité au droit musulman (Sharia Board) composé de jurisconsultes musulmans (Sharia scholars).
La spécificité de la finance islamique provient donc du fait qu’elle veille au respect d’un ensemble de règles et de principes dictés par l’éthique musulmane. Elle impose ainsi des contraintes spécifiques en matière notamment de traçabilité des investissements et des risques. A la différence de la finance conventionnelle qui autorise le taux d’intérêt et la spéculation, la finance islamique les interdit et propose la prise de risque et la marge commerciale comme seules sources de rentabilité. Tout en intégrant des objectifs de rentabilité, la finance islamique se doit de respecter l’ensemble des principes éthiques musulmans. C’est cette contrainte majeure qui induit la nécessité d’innover et de développer de nouveaux produits structurés.
Par ailleurs, le fait que la philosophie de la Finance Islamique repose à la fois sur un investissement dans la durée et sur le partage du risque financier fait d’elle un modèle économique particulièrement adapté à la période que nous traversons pour financer l’activité productive loin des dérives spéculatives. Cela étant, elle demeure pour l’heure une niche peu exploitée.
Avec un recul de seulement trente ans, l’industrie contemporaine de la finance islamique reste jeune et fragile. Elle présente encore des limites, notamment dans sa mise en pratique, et doit aussi surmonter un certain nombre de défis. Force est de constater que le secteur de la finance islamique n’a pas à ce jour su tirer tous les bénéfices des solutions offertes par la théorie financière islamique. La complexité de certains instruments financiers, le niveau de prise de risque qu’ils impliquent en l’absence de produits de couverture et de gestion des risques, couplés avec la lourdeur et le manque d’harmonisation des procédures juridiques font que des produits tels que la murabaha, opérations d’achat-vente avec marge, sont privilégiés par les praticiens au détriment des produits de partage de pertes et de profits. En outre, l’offre de formation aux principes et pratiques de la finance islamique est encore insuffisante. Des praticiens, souvent formés exclusivement aux techniques de la finance conventionnelle, ont du mal à se détacher des modèles classiques pour explorer des modèles propres à la finance islamique. Le développement de la finance islamique se heurte parfois aussi à des barrières socioculturelles. Dans certains cas, un effort d’information et de pédagogie est à fournir.
D’autres innovations financières devraient voir le jour une fois que la formation et la recherche auront atteint une masse critique capable d’alimenter la théorie et la pratique financières et bancaires en produits nouveaux répondant mieux à la fois aux exigences de l’éthique musulmane et aux besoins du marché, notamment en matière de couverture et de gestion des risques.

Kaouther Jouaber-Snoussi

Kaouther Jouaber-Snoussi est Maître de conférences à l' Université Paris-Dauphine.
Elle est docteur en sciences de gestion et dirige le diplôme Principes et Pratiques de la Finance Islamique.
Elle est également responsable du Master principes et pratiques de la finance islamique à l'Université Paris-Dauphine.
Ses ouvrages sont La finance islamique, à paraître en septembre 2012 aux éditions La Découverte, et La finance durable : Une nouvelle finance pour le XXIe siècle ? paru en 2011 à La Revue Banque.
Ses activités de recherche actuelles portent sur des problématiques de performance en finance islamique et sur des questions liées à la microstructure et à l’efficience des marchés financiers