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vendredi 20 juillet 2012

L’APP accompagne la professionnalisation du microcrédit




















Le secteur du microcrédit au Maroc reprend enfin des couleurs. Le soutien offert par l’Agence du partenariat pour le progrès (APP) aux associations de microcrédit (AMC) y est d’ailleurs pour quelque chose. Depuis sa création en 2007, l’APP n’a eu de cesse de soutenir l’activité à travers son projet services financiers. Aujourd’hui, l’Agence qui pilote les projets de la Millenium challenge corporation au Maroc accélère son action. C’est ainsi qu’hier, deux conventions de dons ont été signées entre l’APP et les 12 AMC marocaines, dont 8 sont réunies au sein du Réseau de microfinance solidaire (RMS). La première de ces conventions, dotée d’un budget de 46,75 MDH, vise à accompagner les différentes AMC vers le chemin de la transformation institutionnelle. Pour rappel, l’APP avait financé une étude sur la transformation institutionnelle des AMC, à laquelle avait alors participé Bank al-Maghrib et le ministère des Finances en tant qu'accompagnateur. Les conclusions de l'étude seront présentées dans les prochains mois. La transformation n’est pas une fin en soi. Il est important de considérer la transformation comme un moyen. Les domaines d’intervention de cet accompagnement, tels que les ressources humaines, la gestion des risques ou le développement de l’offre, sont autant de domaines et de projets qui viendront renforcer les capacités à la fois institutionnelles et opérationnelles de l’ensemble des AMC. Il s’agit donc d’un préalable indispensable à la transformation, mais c’est aussi une condition sinequanone à la survie des AMC. «Nous prévoyions tout cela car nous sommes convaincus que le projet de loi sur la transformation va passer et qu’à terme ces AMC seront dans l’obligation de se transformer», précise Mohamed El Mazouri, directeur du projet «Services financiers» de l’APP.
Projet de loi à la Chambre des représentants
«Si demain il y a transformation, c’est tout le secteur du microcrédit au Maroc qui sera impacté. Nous avons donc décidé d’élargir le champ de l’assistance technique à l’ensemble des associations» ajoute-t-il. Aujourd’hui, les AMC ne peuvent commercialiser qu’un seul produit. Le projet de loi, actuellement à la Chambre des représentants, permettra aux AMC de se constituer en société anonyme et de commercialiser ainsi de nouveaux produits, comme l’épargne ou la microassurance, et lever des capitaux auprès du marché pour financer un plus grand nombre de micro-entrepreneurs. Deux AMC sont susceptibles de se transformer en S.A : il s’agit d’Al Amana, principale AMC au Maroc en termes d’encours, et la fondation Banque populaire pour le microcrédit. Par ailleurs, une deuxième convention de don, d’un montant de 34 MDH a également été signée. Celle-ci a pour objectif d’appuyer les AMC pour l’implémentation de technologies innovantes. Il s’agit en l’occurrence d’améliorer «l’efficacité opérationnelle et les économies d’échelle à travers l’emploi de nouvelles technologies au sein des AMC», d’«élargir l’offre de services financiers à la clientèle via de nouveaux produits mieux adaptés aux besoins et aux capacités de la clientèle», et d’«affermir les capacités décisionnelles au sein des AMC à travers l’emploi de nouvelles technologies adéquates». C’est ainsi que l’association Al Amana a d'ores et déjà testé un nouveau concept de business intelligence qui permet un meilleur transfert des flux d’informations. Al Amana généralisera ce système dès la fin du mois. De son côté, la fondation BP pour le microcrédit teste actuellement l’utilisation de terminaux de paiements électroniques dans ses agences. En marge de la signature de ces deux conventions, 50 agences mobiles ont été remises à 5 AMC, à savoir l’Association Al Amana, Al Karama, la fondation BP pour le microcrédit, AMSSF et ATIL, afin de mieux servir les régions désenclavées.

Une amélioration, mais...
Le nuage noir qui planait sur le secteur du microcrédit au Maroc, depuis 2008, semble s’être bel et bien s'éloigner. Alors que l’ensemble des AMC vivaient des moments difficiles en termes de chiffres, avec un portefeuille à risque (PAR) élevé, le secteur a réussi à se reprendre en main et à se dynamiser. Depuis le dernier trimestre 2011, le portefeuille à risque (PAR) à 30 jours ne dépasse en effet pas les 5%, après avoir longtemps flirté avec les 8% les années précédentes. De la même façon, il semble que les AMC ont relancé leur plan de développement, en ouvrant de nouvelles agences. Seule ombre au tableau, la centrale des risques, pourtant en place, n’est que trop rarement utilisée par les AMC. Certaines critiquent encore le prix et réclament la gratuité des requêtes, d’autres ne sont tout simplement pas équipées pour y avoir accès.
Par Anne-Sophie MARTIN   @ lesechos.ma 
Jeudi, 19 Juillet 2012 11:50

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