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jeudi 23 juin 2011

Une discussion sur le Label d’Excellence avec les leaders du secteur de la Microfinance

Le 11 novembre 2010, Elisabeth Rhyne, Laura Foose, Chuck Waterfield, Frances Sinha et Sam Daley-Harris ont discuté par téléphone de la nécessité de créer un label d’excellence dans le do-maine de la microfinance et des moy¬ens de sa mise en application.




« Il nous faut une forme de certifica¬tion, pour pouvoir dire au reste du monde : ‘voici nos objectifs’ » a déclaré Waterfield. On a besoin d’un label d’excellence, de toute urgence, « car la réputation de la microfinance se ternit presque au jour le jour ».
Même si la performance sociale, et par¬ticulièrement des initiatives de notation de cette performance, existent actuelle¬ment, on note l’absence de déclaration commune du secteur sur ce qui définit une bonne microfinance. Au cours de l’appel, les participants ont discuté des moyens par lesquels le label d’excellence pourrait soit compléter, soit intégrer des efforts tels que le Social Performance Task Force (SPTF), la Smart Campaign et le MFTransparency.
Laura Foose a expliqué que « les ay¬ants-droit du SPTF [ont] des objectifs différents en matière de microfinance. Il y a un camp particulièrement fort qui considère ‘l’inclusion’ et ‘l’accès’ com¬me l’ultime objectif. Un autre groupe [met l’accent sur] l’amélioration de la vie des clients ». Comparé à l’approche élargie du SPTF, Foose voit le label d’excellence comme « une action du haut vers le bas … le ciblage d’un en¬semble d’IMF cherchant à améliorer la vie de leurs clients comme ultime ob¬jectif ».
À l’image du SPTF, Beth Rhyne a ex¬pliqué que la Smart Campaign a aussi « commencé à parler de certification, en créant un groupe de travail sur la certification. Nous adoptons une ap¬proche modulaire : la protection du consommateur pourrait être un mod¬ule inclus dans une notation sociale. Le rôle de la Smart Campaign dans ce processus consiste à certifier les certifi¬cateurs [qui détermineront] si les IMF mettent en application les principes de protection du consommateur ».
À la différence du label d’excellence, Rhyne explique : « Ce que [MFTrans¬parency] a fait jusqu’ici consiste à diffuser l’information—[en insistant sur] la transparence et la rédaction de rapports. La mesure c’est l’oeil de l’observateur. [Le label d’excellence] crée un seuil et décide si ces IMF sont en dessous ».
Défis et préoccupations
« [Le label d’excellence] cible un groupe d’IMF travaillant avec l’ultime objectif d’améliorer la vie des pauvres », a ré¬sumé Foose. « Ces IMF s’intéressent à l’aspect transformationnel de la mi-crofinance, qui … n’intéresse pas beau¬coup d’autres institutions de microfi¬nance ». Foose admet qu’un « seuil de l’excellence est quelque chose de néces¬saire pour le futur, mais nous devons savoir ce à quoi nous attendre. Obten¬ons d’abord les données qui nous per¬mettront de comprendre ce qu’est une bonne performance ».
Étant du même avis, Rhyne a affirmé : « Une des raisons qui explique le suc¬cès à grande échelle de la Smart Cam¬paign est l’existence d’un consensus déjà établi sur ce qu’est la protection du consommateur ». La mise en place du label d’excellence sera plus difficile par¬ce que « nous ne sommes pas encore au point où nous pouvons nous entendre sur tous les indicateurs ou méthodes d’évaluation ».
Rhyne a suggéré que pour « des consi¬dérations d’ordre pratique, le ‘label’ doit être un prix plutôt qu’un label. Un prix peut toujours reconnaître la dimension transformationnelle, peut mettre en re¬lief des actions intéressantes entreprises par des IMF qui ne sont pas prises en compte dans les indicateurs. [De plus], il est plus pratique … et peut démon¬trer l’aspiration [sans avoir affaire à la] complexité de la certification ».

Comment d’autres initiatives ont relevé les défis
Frances Sinha et Chuck Waterfield ont cité des leçons apprises des initia¬tives dans d’autres domaines ainsi que celles apprises par MFTransparency, qui a fait face aux mêmes préoccu-pations sur la manière d’établir une crédibilité solide. Sinha a étudié entre autre les organisations I-Seal et Global Impact Investing, afin d’apprendre de leurs expériences. « Il existe des efforts de certification du commerce équi¬table, mais ils sont très faibles parce qu’ils reposent sur l’auto-évaluation. Mon message est le suivant : vous ne pouvez pas vous fier uniquement à l’auto-évaluation, vous avez besoin d’indicateurs précis, d’un processus clair et systématique de certification. [Toutefois, pour conclure sur une note positive], si l’on compare les méthodes de notation sociale utilisées dans la microfinance à d’autres secteurs, nous sommes plutôt bien avancés ».
Pour Waterfield, la principale leçon retenue de son implication dans le développement de MicroFinance Transparency a été « de maintenir le temps, les efforts et les coûts investis à un niveau minimal ; maintenir des données très ciblées ». La pression des pairs est un élément très important. Waterfield a déclaré : « Nous devons créer une situation où si vous n’avez pas participé à cette évaluation, vous êtes déjà jugé. Cela élimine le désavan¬tage du premier participant ».
Au moment de l’exécution, comment fonctionnerait le label d’excellence ?
La première étape serait de soutenir Smart Campaign, a déclaré Foose. Elle ajoute : « Il serait intéressant d’aller dans les pays où opère MFTranspar¬ency et y introduire les principes de protection du consommateur. Puis, il faudrait aller un peu plus loin et cher¬cher à savoir combien ont souscrit aux principes Smart et combien les ont mis en application. Enfin, nous pou¬vons mettre en application les critères plus élevés promulgués par la Social Performance Task Force».
Rhyne a insisté : « Vous ne pouvez pas prendre uniquement en considéra¬tion les données auto-déclarées sans validité extérieure. Vous avez besoin d’un tiers. Mais qui le payera ? » Une solution possible serait de former les agences de notation à faire ces évalu¬ations indépendantes pour le label d’excellence, en tant que partie inté¬grante d’une notation sociale.
En conclusion, Sam Daley-Harris a posé la question suivante : « Que ce soit un label ou un prix, nos efforts sont-ils suffisants pour résoudre le problème auquel fait face le secteur de la mi-crofinance aujourd’hui et [ces efforts] permettent-ils de créer une plus large vision discernable par toutes les par¬ties prenantes ? La Smart Campaign, le Social Performance Task Force, et d’autres initiatives sont toutes impor¬tantes et nécessaires, et il pourrait y en avoir d’autres. ... Mises ensemble, elles pourraient constituer un méta-projet qui permettrait d’identifier clairement les IMF qui ont une action positive sur la dimension transformationnelle de la microfinance ».
À la lueur des nouvelles récentes sur les suicides des agriculteurs à Andhra Pradesh en Inde, il observe : « Aujourd’hui, en 2010, la majeure partie de l’information [portant sur le secteur de la microfinance] est néga¬tive. Espérons qu’une telle initiative puisse constituer un antidote à ces histoires ».

Merci à Elisabeth Rhyne, Directrice Gé¬nérale, Center for Financial Inclusion et Smart Campaign ; Laura Foose, Co¬ordinatrice, Social Performance Task Force ; Chuck Waterfield, PDG et Pré-sident, MicroFinance Transparency ; Frances Sinha, Directrice Générale, EDA Rural Systems ; et Sam Daley- Harris, Fondateur et Directeur, Cam¬pagne du Sommet du Microcrédit.
Encadré 11- ÉTAT DE LA CAMPAGNE DU SOMMET DU MICROCREDIT RAPPORT 2011

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