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mardi 7 juin 2011

ETAT DES LIEUX DE LA MICROFINANCE AU MAROC

LA MICROFINANCE, INSTRUMENT ESSENTIEL DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU MAROC

La microfinance a fait son apparition au milieu des années 1990, sous l’impulsion de l’AMSED qui décide d’ouvrir ses programmes à la microfinance pour aider ses bénéficiaires à créer des activités génératrices de revenus. D’autres institutions, aux ambitions nationales ou régionales, apparaîtront par la suite : AMSSF (1994), Fondation Zakoura pour le Microcrédit (1995), Association des Cadres et Anciens Elèves de Tanderara (ACAET, 1996) devenue Al Karama en 1999, Fondep (1996), Al Amana (1997), Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit (1999), Fondation Crédit Agricole pour le Microcrédit (2001) devenue Fondation Ardi en 2005 et Association Tawada (2009).
A partir de la fin des années 90, le secteur de la microfinance a connu un essor rapide, grâce à l’appui du gouvernement marocain qui a fourni un cadre clair à son développement avec la Loi 18/87 sur la microfinance de 1999. Pour plus d'informations sur le texte de loi, cliquez-ici (http://www.fnam.ma/article.php3?id_article=36).
En février 2000, le Ministère des Finances a rédigé et mis en oeuvre un texte de loi qui attribue une licence aux AMC leur permettant d’accorder des crédits, mais pas de collecter l’épargne. Aujourd’hui, 12 AMC disposent de cette licence.
Au cours de son développement, le secteur a bénéficié du soutien financier de bailleurs internationaux et notamment du PNUD via son programme MicroStart. En Février 2008, ce programme a fourni une assistance financière et technique d’un montant de 1,7 millions de dollars. Cet appui au secteur a été suivi par celui de l’USAID pour plus de 16 millions de dollars principalement en faveur de l’association Al Amana.
En 2000, le Fonds Hassan II a soutenu le secteur avec une subvention de 100 millions de dirhams. Cette contribution financière a permis d’accroître le nombre et le montant des prêts accordés, en particulier pour les trois principales associations : Al Amana, Fondation Zakoura et la Fondation Banque Populaire pour le microcrédit.
En 2001, la création de la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM) marque une étape dans l’organisation du secteur avec l’apparition d’un interlocuteur unique auprès des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds internationaux.

En à peine deux décennies, la microfinance est devenue un instrument essentiel de la lutte contre la pauvreté au Maroc. Au 31 décembre 2009, le secteur compte 924 966 bénéficiaires, servis par douze associations de microcrédit dont certaines sont classées parmi les plus importantes et les plus performantes au niveau mondial. Et la demande est encore loin d’être satisfaite. On estime à 5 millions le nombre de personnes toujours en attente de financement.

Une crise de croissance salutaire

Le Maroc est un leader reconnu de la microfinance dans le monde arabe. Cependant, depuis 2007, le secteur de la microfinance au Maroc est confronté à une crise sans précédent. Cette crise trouve son origine dans la croissance non maîtrisée du portefeuille des actifs, l’absence d’instruments efficaces de gestion des risques et le dépassement des capacités institutionnelles de certaines IMF notamment au niveau des politiques de crédit trop laxistes, des systèmes d’information et de gestion obsolètes et des lacunes au niveau du contrôle.
Ainsi, en décembre 2008, les portefeuilles à risques représentent 5% du portefeuille de prêt et un an plus tard, ils atteignent le niveau alarmant de 10%. En même temps, les abandons de créances ont considérablement augmenté, avec des répercussions négatives sur la rentabilité et la solvabilité des Institutions de MicroFinance (IMF) marocaines. En mai 2009, la Fondation Zakoura, qui est l’un des leaders de la microfinance au Maroc, enregistre un portefeuille à risques supérieur à 30%. Elle est alors contrainte de fusionner avec la Fondation de Banque Populaire pour le Microcrédit.
Fin 2009, le secteur de la microfinance au Maroc affiche un encours de 4,8 milliards de dirhams, soit un repli de 16% et 307 millions de dirhams de créances en souffrance, soit une progression de 2% par rapport à l’année précédente.

Actuellement, la situation se stabilise. Des mesures ont été prises pour assainir le portefeuille et permettre au secteur du microcrédit de prendre un nouveau départ. Les IMF ont mis en place des plans de redressement, qui consistent à renforcer la méthodologie de crédit, à donner plus d’importance au recouvrement des prêts.
Désormais, les IMF échangent régulièrement des informations sur les impayés de leur clientèle afin de contrôler les crédits croisés. Une centrale des risques est même en cours de mise en place. Grâce à toutes ces mesures, le secteur devrait retrouver une croissance normale et conserver sa place de leader incontesté de la microfinance dans le monde arabe.


Les chiffres du secteur de la microfinance au Maroc


Selon les estimations de la Banque du Maroc au 31 décembre 2009, 12 associations de microcrédit aident 924 966 millions de personnes défavorisées à développer des activités génératrices de revenus grâce au microcrédit au Maroc. Parmi elles, 64% sont des femmes. 

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