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mercredi 9 mai 2012

Tunisie: Finance islamique - Une autre vision du développement


Dans la Tunisie post-révolution, l'environnement socioéconomique se caractérise par une libéralisation des secteurs économiques et une volonté ferme pour la création d'entreprises. Un environnement propice pour le développement de l'investissement dans les entreprises tunisiennes innovantes ainsi que la création d'entreprises en renforçant les mécanismes et incitations et des structures d'appui.
D'un autre côté, la finance islamique est à la fois une technique alternative de financement et un cadre adéquat et cohérent au service des citoyens et des investisseurs. Une technique qui trouve ses fondements dans les principes de la religion musulmane, à savoir l'interdiction de l'usure, de la spéculation et de l'incertitude. Il s'agit d'une prise en compte de l'entreprise comme unité sociale, qui met en avant la prise de risque et le partage des richesses.
La finance islamique qui est une forme de finance alternative repose sur des mécanismes de contrôle et de gestion des risques qui jouent comme des soupapes de sécurité et qui lui permettent d'assurer une certaine stabilité vis-à-vis du contexte économique. De plus, tout investissement devant reposer sur un actif tangible, il garantit à l'investisseur une transparence, une proximité et une lisibilité de ses transactions.
Il est opportun de rappeler que la finance islamique est un moyen de financement complet qui trouve ses bases dans une vision de la société tenant en considération la richesse humaine et sa capacité à innover et à s'élever par la connaissance. Chaque acteur économique s'engage à assumer sa responsabilité en se référant à la devise suivante : «Nous prenons le même risque, je gagne si tu gagnes et je perds si tu perds».
Révision du cadre réglementaire et législatif
La Tunisie veut aujourd'hui relever le défi d'être un pôle régional en matière de finance islamique, cette technique alternative qui a émergé et a commencé à découvrir les vertus après la crise financière de 2008. Mais comment adapter la finance islamique au contexte tunisien. En effet, l'expérience tunisienne dans le domaine de la finance islamique demeure embryonnaire, celle-ci ne contribuait qu'à hauteur de 2,2% (2010) à la mobilisation des concours à l'économie nationale. Dans un contexte économique en turbulence, cette alternative à la finance conventionnelle mérite aujourd'hui d'être développée davantage, et ce, à travers la mise en place d'un cadre réglementaire et législatif adéquat.
Pour la Tunisie, la meilleure démarche serait de tirer des enseignements des expériences d'autres pays et de réussir une continuité et complémentarité entre les finances islamique et conventionnelle. Elle a besoin, en effet, d'instaurer les fondements d'un développement équilibré dans tous les secteurs et les régions, ce qui exige la mobilisation de sources financières supplémentaires et fiscales.
La finance islamique, introduite dans les systèmes bancaires de plusieurs pays, reste timide en Tunisie, en l'absence d'un cadre réglementaire adéquat. Le gouvernement est à pied d'oeuvre aujourd'hui pour parachever les fondements de cette industrie financière et ses mécanismes et son cadre législatif.
L'élaboration d'un cadre juridique régissant les produits financiers islamiques sur le marché tunisien semble être le défi majeur auquel le gouvernement devrait faire face, bien que la loi 2001/65 relative aux établissements de crédit n'interdise pas la création de banques ayant des spécificités au niveau des produits et des techniques d'intervention. Ainsi, il reste des insuffisances au niveau du traitement fiscal et des procédures administratifs à appliquer quand on veut adopter ces produits. C'est pourquoi la loi de finance 2012, a apporté des ajustements fiscaux pour les produits de la finance islamique.
La finance islamique est devenue une donne incontournable vu son utilité et son impact sur les économies qui passent par des crises ou ont des difficultés de financement comme la Tunisie. Elle permet, ainsi, de diversifier les sources de financement, dont l'usage des «soukouk islamiques» ou des bons qui sont des obligations non basées sur des intérêts mais plutôt sur la performance des actifs et le principe de partage des risques et des profits.
Ce mécanisme permet de financer des mégaprojets d'infrastructure à travers l'appel à la levée de fonds tant au niveau des particuliers que des investisseurs locaux et étrangers. Une des particularités de la finance islamique réside également dans la microfinance islamique ciblant les chômeurs, qui cherchent à implanter leurs propres projets via des formules et des produits adaptés comme «Ijara», «Mourabaha»...
@ la presse.tn

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