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jeudi 13 octobre 2011

La Microfinance islamique peine à se développer


Qu’elle soit micro ou non, la finance islamique regroupe des services financiers conformes aux préceptes de l’Islam. Malgré un attrait réel dans les pays musulmans, la microfinance islamique représente moins de 1% de la microfinance mondiale.

«La microfinance islamique est la solution pour résoudre la pauvreté mondiale », déclarait le 30 juin 2011 le Réseau de microfinance islamique , soulignant que « plus de 40% des plus pauvres au Monde résident dans des pays de religion musulmane ». Les efforts de ce réseau créé en 2009 et la présence de 300 Institutions de microfinance (IMF) islamiques dans le monde vont dans ce sens, mais la microfinance islamique reste très minoritaire face à la microfinance conventionnelle.
« Selon une étude du CGAP, ces institutions atteignent 300 000 clients», constatait Mohammed Abdullah de la Deutsche Bank en avril 2010. Autrement dit, la microfinance islamique pèse moins de 1% de la microfinance mondiale, qui totalise environ 190 millions clients selon la Microcredit Summit Campaign.

Une véritable attente des clients

Pourtant, le même organisme de recherche, le CGAP , notait en 2008 que dans plusieurs pays, la microfinance islamique correspond à une véritable attente : « des études en Jordanie, en Algérie et en Syrie ont révélé que 20 à 40% des répondants justifient d’une raison religieuse pour ne pas accéder aux microcrédits conventionnels ». Un constat partagé par Mansour Ndiaye, formateur du CGAP, et qui travaille à la mise en place de projets de microfinance islamique en Afrique de l’Ouest : « J’ai beaucoup de témoignages de clients qui prennent des microcrédits avec intérêt parce qu’ils n’ont pas d’autres choix ».

Une forme de microfinance responsable

La finance islamique repose en effet sur deux principes vertueux, rappelle Mansour Ndiaye : le partage des risques et profits et le refus de la spéculation. « Ces principes appellent très clairement à se concentrer sur l’économie réelle », estime le formateur sénégalais, pour qui . Dans une telle optique, la microfinance islamique pourrait se placer en complément des initiatives de microfinance responsable.

Principes fondateurs de la finance islamique

  1. Prohibition du ribâ (usure et intérêts) : les crédits avec taux d’intérêt sont interdits
  2. Prohibition du gharar (aléa majeur ou évitable) et maysir (jeu de hasard ou pari de mise)
  3. Al-ghounm bi al-ghourm : partage des pertes et profits
  4. Pas de financement d'activités halal (illicites) : alcool, pornographie, tabac, industrie porcine etarmes sont interdits
  5. Adossement à un actif tangible : choix de l’économie réelle et refus de la spéculation

Le faible intérêt des banques islamiques

Selon le Dr Mohammed Obaidullah, économiste à la banque de développement islamique, une des principales raisons du faible essor de la microfinance islamique est liée à l’absence de volonté de la part des grandes banques islamiques. « L’industrie de la finance islamique a souvent montré un faible intérêt pour la microfinance et la lutte contre la pauvreté ». Historiquement, les banques islamiques se seraient concentrées sur la finance mondialisée et sur la « méso-économie ». «La finance islamique manie le milliard de dollars plus facilement que le microcrédit », confirme Mansour Ndiaye.

Pays arabes : un essor tardif

Malgré une initiative précoce en Egypte, en 1963 à Mit Ghamr, la microfinance islamique reste moins développée dans le monde arabe que, par exemple, en Asie. De fait, à part quelques rares projets comme le « Hodeidah Microfinance Programme » (Yemen 1997), dans les années 90 c’est surtout en Indonésie et au Bangladesh que se sont développés les produits phare du secteur, notamment la murabaha (voir encadré ci-dessous). Dans les pays arabes, la microfinance reste dans son écrasante majorité non islamique, à l’image de la Grameen Jameel , créée par la compagnie saoudienne Abdul Latif Jameel et la fondation Grameen en 2003.

Plusieurs freins à surmonter

D’autres freins expliquent le faible poids de la microfinance islamique. Mansour Ndiaye du CGAP en voit trois : « la réglementation, qui ne lui est pas toujours favorable, la méconnaissance du public, conditionné par l’économie occidentale et la faiblesse de la recherche académique ». Un autre spécialiste, Mohammed Khaled, ajoute une autre raison : le manque d’innovation. « Nous devons penser en dehors des cases de la microfinance conventionnelle et imaginer d’autres business models », plaide ce chercheur engagé.
Lire le rapport du CGAP sur la Microfinance islamique.

Principaux services de finance islamique

  1. Murabaha : la banque achète et revend avec une marge à son client (remplace le prêt)
  2. Ijara : contrat de leasing / crédit bail
  3. Istina : demande de fabrication / financement de projet
  4. Mudaraba : partenariat avec fourniture d’argent et de travail, partage des pertes et profits
  5. Musharaka : participation au capital ou à l’actif de l’entreprise, partage des pertes et profits
  6. Takaful : assurance
  7. Salam : prêt pour financer des activités agricoles
  8. .
Pour en savoir plus : Retrouvez sur MicroWorld notre dossier spécial sur l'impact social de la microfinance.
@   http://www.microworld.org

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