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mardi 2 août 2011

La pauvreté dans le monde. Le travail rend-il libre







Le travail nous rendrait maîtres et possesseurs de la nature, c’est du moins ce qu’a longtemps claironné Descartes. Il serait en quelque sorte libérateur. Mais la pauvreté qui sévit dans le monde, et plus particulièrement parmi les travailleurs, pousse à se demander si le travail ne serait pas une forme d’aliénation, comme l’a crié sur les toits Marx ? Les statistiques répondent à la question…
Si le travail ne rend pad forcément riche, il maintient la pauvreté dans bien des cas. Il est vrai que le travail permet, par définition, d’apporter un moyen de subsistance aux individus mais quand on apprend qu’en 1998, ils étaient 20 millions de travailleurs classés pauvres dans le monde, selon les statistiques du Bureau International du Travail (BIT) et que dix ans plus tard, ils étaient toujours 20 millions à vivre dans la dèche, en Afrique du Nord, on se demande si le travail n’est pas une forme de chômage atténué…
Si vous travaillez à temps plein ou partiel, avec un revenu équivalent à 2 dollars par jour et par ménage, vous êtes un travailleur pauvre. Car avec ce «salaire» quotidien vous vous classez en dessous du seuil de pauvreté, à plus forte raison si vous êtes issu de l’Afrique du Nord. Mais vous êtes loin d’être seul face à votre misère. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne vous suivent de près, avec une augmentation de 14,3% de travailleurs pauvres pour la première, et de 27,1% pour la seconde.
Ainsi, une étude faite par le BIT, Tendances mondiales de l’emploi 2011, perpétue ces données et prévoit «un nombre toujours élevé de travailleurs pauvres et de travailleurs occupant un emploi vulnérable». Les nombreux travailleurs vivant sous le seuil de la pauvreté sont plus vulnérables à de nouveaux chocs économiques, le dernier en date étant la crise économique mondiale de 2008. Les moins nantis ressentent encore plus son impact puisqu’ils sont les plus vulnérables aux hausses des prix. La faute n’est pas à Voltaire, cette fois-ci, mais bien à l’indifférence des banques centrales des économies en développement face à l’inflation et ses effets dévastateurs sur les pauvres. A cet état de choses s’ajoute évidemment la modestie des salaires mais aussi, comme le rapporte L’Observatoire des inégalités, organisme indépendant d’information et d’analyse sur les inégalités, le travail à temps partiel, l’alternance d’emplois et de chômage et l’intérim pour de courtes périodes et qui «peuvent aussi déboucher sur des revenus salariaux inférieurs au seuil de pauvreté en moyenne sur l’année».
La qualité des emplois disponibles n’est pas en reste. Le BIT dénonce en bloc ce phénomène ainsi que la forte augmentation du travail partiel au détriment du travail à temps plein. Selon l’étude, la moitié des travailleurs dans le monde (1,53 milliard) se trouvaient en situation d’emploi précaire en 2009 tandis que 1,2 milliard d’entre eux vivaient sous le seuil de pauvreté. Le Forum économique mondial de Davos (Suisse) a été une occasion pour le BIT d’appeler les économies développées, à encourager «une croissance riche en emplois».
En 2008, la Banque Mondiale avait publié un rapport alarmant sur la pauvreté au Maroc intitulé: «Se soustraire à la pauvreté au Maroc». Ainsi, 15% de la population était estimée pauvre, deux tiers vivant en milieu rural. Conscient de la gravité de sa situation socio-économique, le Maroc s’est appliqué à améliorer son développement humain, depuis 2004. Selon un rapport de l’INDH, le Maroc fait partie des 10 pays qui ont le plus progressé en matière d’IDH sur la période 2005-2010.
Et pourtant, de nombreux ménages continuent à se démener comme des diables afin de joindre les deux bouts, ne pouvant s’offrir ni voiture ni vacances, encore moins un petit logis bien à eux, encore heureux de pouvoir esquiver, quand ils le peuvent, les lourdes dettes en fin de mois. Et pourtant, ils travaillent, parfois tous conjoints confondus… parce qu’ils ont besoin d’autres denrées que le trio classique : sucre/huile/farine. Mais même ce trio a depuis belle lurette atteint des prix inimaginables à d’autres époques. Autre temps, autres mœurs…



29/7/2011 
Mouna Achiri 
http://www.lopinion.ma 

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