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lundi 1 août 2011

Centrale des risques : 78% des dossiers de crédit aujourd'hui consultables


L'encours «renseigné» par la centrale a plus que doublé depuis 2009, totalisant 550 milliards de DH sur un potentiel total de 700 milliards. 60% des consultations sont effectuées par les sociétés de financement.
Centrale risques Maroc.
Après un démarrage laborieux, le Crédit bureau (centrale des risques), opérationnel depuis octobre 2009, semble bien avoir pris ses marques. Ce système de recensement des crédits qui permet de mieux apprécier le risque emprunteur a été consulté 357 000 fois par les établissements de crédit sur les 6 premiers mois de 2011. «Ce volume représente autant que le total enregistré pour toute l’année 2010 et nous rapproche de notre objectif de vitesse de croisière», se réjouit Béatrice Larrègle, DG d’Experian Services Maroc (ESM), le prestataire en charge de la gestion de la centrale des risques.
«Et encore ! 2011 a connu un démarrage lent des consultations», souligne Mme Larrègle, à lier à la baisse de régime de l’activité de crédit sur le premier trimestre de l’année. Néanmoins, ESM est optimiste pour les mois à venir, le recours à la centrale des risques ayant tendance à se systématiser. Cela se répercutera à terme sur les prix des consultations, étant donné que «plus il y aura de consultations, plus les tarifs seront enclins à diminuer», raisonne Mme Larrègle. Actuellement, ESM facture ses services selon une grille tarifaire dégressive en fonction du volume, allant de 2 à 18 DH par consultation, selon des données recueillies auprès des professionnels. Les associations de micro-crédit ralliées à la centrale des risques après maintes tractations s’acquittent d’un prix fixe de moins de 5 DH.
Mais en dépit de ce tarif préférentiel, ces associations ne semblent toujours pas décidées à consulter la centrale. En effet, la totalité des consultations au premier semestre provient des établissements de crédit avec une part de 60% pour les sociétés de financement, et 40% pour les banques. Du reste, cette répartition respecte bien la logique des choses, étant donné que le volume de crédits des sociétés de financement, en nombre, dépasse celui des banques.
Le rapport s’inverse en revanche s’agissant d’encours de crédits gérés par la centrale des risques, puisque 80% du total concerne les banques. Là encore, cette répartition respecte la logique puisque les banques détiennent un encours de crédit de plus de 600 milliards à fin 2010 contre près de 80 milliards pour les sociétés de financement.


Un code qui traite du secret professionnel et du droit d’accès au service par les particuliers

En définitive, l’encours de crédits concernés par les consultations effectuées auprès de la centrale des risques, au premier semestre 2011, totalise 620 milliards de DH, en progression de plus de 6% par rapport à 2010. A préciser que ce total correspond au montant des dossiers inscrits par les établissements de financement pour alimenter la centrale de risques.
Selon la procédure en vigueur, les données collectées par la centrale des risques sont par la suite restituées sous la forme d’un rapport de solvabilité consultable par les créanciers. Les crédits traités de la sorte constituent ce que l’on appelle l’encours chargé. Celui-ci se monte à fin juin à 550 milliards de DH, à comparer à 495 milliards chargés à fin 2010, et à près de 250 milliards traités à fin 2009.
Notons au passage que l’écart entre les encours des crédits reçus et chargés «se justifie par le fait que parfois les déclarations faites par les banques ne sont pas conformes à la notice technique et sont donc rejetées. En outre, certains contrats ne peuvent être déclarés en l’absence d’un identifiant unique comme c’est le cas par exemple pour les offices publics», explique Mme Larrègle. Mais à mesure que ces problématiques sont traitées, le taux de chargement a tendance à s’améliorer : il est passé de 72% à fin 2009 à 85% à fin 2010 pour s’établir actuellement à 89%.
Pour résumer, par rapport donc aux 700 milliards de DH représentant le total de l’encours des crédits accordés, les 550 milliards d’encours chargé représentent 78,5%. ESM espère bientôt dépasser la barre des 600 milliards de DH en encours de crédits chargés. L’objectif à terme étant de parvenir à ces 700 milliards de DH, ce qui reviendrait à couvrir la quasi-totalité de l’encours des crédits détenus par les banques, les établissements de financement et les associations de micro-crédit.
Mais pour cela, il faudra encore surmonter quelques écueils. En effet, «en dépit du dispositif de contrôle et de suivi de l’utilisation de la base de données, certains organismes de financement refusent de partager leurs données, craignant une utilisation à des fins commerciales», notent les experts de Sia Conseil dans une récente note d’analyse consacrée à la centrale des risques. L’instauration d’un code d’éthique validé récemment par les différentes parties prenantes du dispositif devrait permettre d’y remédier. Ce code définit en effet les règles de bonne conduite auxquelles s’engagent ESM et les usagers de la centrale. Mais, surtout, il traite du respect du secret professionnel et du droit d’accès au service par les particuliers. Ces derniers, pour rappel, peuvent accéder à leur rapport de solvabilité. La version qui leur est fournie est même plus exhaustive que les informations communiquées aux établissements de crédit.

Concurrence : La Banque mondiale prône plusieurs centrales de risque

«Avec la mise en place de la centrale des risques (Crédit Bureau), le Maroc a sans conteste amélioré le panorama régional, en étant pionnier sur un modèle de partage de l’information inédit dans la région Mena». C’est la reconnaissance adressée par la Banque mondiale au Maroc dans un récent rapport intitulé «Améliorer l’accès au financement tout en maintenant la stabilité dans la région Mena». Cependant, une marge d’amélioration persiste pour le modèle marocain. Celui-ci ne peut devenir «pleinement viable et efficace que lorsque plusieurs spécialistes seront autorisés par le régulateur à opérer sur le marché du Crédit Bureau», estime la Banque mondiale, car dans le cas contraire, une situation de monopole se crée, annulant tout l’avantage du modèle de recours à un opérateur privé. Elle indique que «l’agrément d’un second spécialiste du Crédit Bureau pourrait rendre le marché marocain du partage d’informations ouvert, libre, compétitif et orienté clients et emprunteurs».
Réda Harmak. La Vie éco
www.lavieeco.com
2011-08-01

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