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mardi 28 juin 2011

Très petites et moyennes entreprises Grandes pour la microfinance, risquées pour la banque

L’accès au financement demeure un défi majeur
• Les crédits à long terme rares
• L’OCDE propose un pacte tripartite

Les très petites et moyennes entreprises restent structurellement fragilisées par les problèmes de financement (Les visages ont été modifiés)




PROBLÈMES d’accès au financement, réduction des asymétries d’informations, amélioration de la transparence, création de systèmes d’incitations,… Les 1,9 million PME dénombrées au Maroc (dont 1,2 million informelles- selon les estimations de Planet Finance-) font face à de nombreux «freins au développement». Le sujet le plus récurrent et par ricochet le plus préoccupant est celui de l’accès au financement. «98% du tissu économique marocain est composé de TPE, c’est donc la principale unité économique du Royaume», estime Mohamed Maarouf, directeur exécutif de Planet Finance, North Africa (1). Il poursuit «avec un plafonnement à 50.000 dirhams, la TPE au Maroc se retrouve en sous-financement». C’est un vrai dilemme, «son financement est à la fois trop risquée pour les banques et trop important pour la microfinance», indique Anthony O’Sullivan, chef de la division développement du secteur privé à l’OCDE.
85 % des crédits alloués à la PME sont des crédits à court terme et 15 % sont des crédits à long terme. Derrière ces chiffres, ce sont surtout des déséquilibres financiers qui ressortent en filigrane. «Ce constat prouve que l’on ne peut pas financer le long terme de l’entreprise. Or, le long terme c’est les investissements, c’est la survie des entreprises et leur pérennité», explique Salahdine Kadmiri, président de la commission PME de la CGEM.
Pour remédier à cette situation, l’OCDE propose la mise en place «d’un pacte social tripartite» impliquant l’Etat, les banques et les entrepreneurs. L’objectif étant d’encourager les banques à prendre des décisions concrètes pour un financement efficace des TPME (Très petites et moyennes entreprises). Le gouvernement quant à lui, devra jouer le rôle de médiateur tout en finançant des garanties de crédit pour les banques et en accélérant les réformes liées au climat des affaires. En ce sens, les mesures à prendre doivent tenir compte du cycle de vie de l’entreprise, de sa taille et du secteur d’activité ou elle évolue.
Autant dire que la tâche ne s’annonce pas de tout repos. Le souci majeur des banques est de minimiser les risques liés à l’emprunt. En effet, le cadre réglementaire protégeant les banques en cas de faillite de l’entreprise emprunteuse demeure très ambiguë voir inexistant dans plusieurs pays de la région. «Il faut donc mettre en place des lois plus efficaces régissant la récupération des actifs par les banques et intégrer les actifs mobiliers en tant que garanties de prêt», annonce O’Sullivan. De surcroît, l’OCDE note un sérieux manque au niveau des outils d’appréciation des risques. Parmi les propositions annoncées en ce sens: l’extension du crédit rating aux PME et mettre en place un système de suivi des entreprises.
Il faut dire que le système de garantie de crédit (SGC) ressort comme «une piste à exploiter» au Maroc. Hicham Serghini, secrétaire général de la Caisse centrale de Garantie, en fait souligner les avantages: «le SGC permet non seulement d’ouvrir certaines portes aux TPME mais également de donner vie à plus de projets. Pour l’état, c’est indéniablement un plus».
La fonction principale d’un SGC est de partager les risques de perte dans une proportion convenue entre le préteur et l’organisme de garantie. Une entreprise possédant un projet ou un investissement viable, mais incapable de répondre aux critères habituels d’obtention d’un prêt, peut bénéficier de la garantie d’un tiers.
Mais, il faut savoir que le financement n’est pas le seul obstacle rencontré par les TPME: La région Mena reste très marquée par des problèmes administratifs propices à l’amplification du phénomène de la corruption. Sans oublier les difficultés liées à la formation et à la capacité d’innovation de l’entreprise.
Quoiqu’il en soit, l’amélioration de l’état des TPME aura comme conséquence de réduire considérablement le taux de chômage dans la région. «La région Mena utilise moins du 1/3 des personnes présentes sur le marché», déplore O’Sullivan. Ainsi, 9 PME sur 10 de la région emploient moins de 5 personnes. Ceux disposant de plus de 10 personnes représentent uniquement 1%.

Z. S. & A. N.

(1) Il intervenait lors du colloque du 5e groupe de travail Mena-OCDE ayant pour thème «Accompagner la croissance des micro et petites entreprises et résoudre les obstacles au financement dans la région Mena».

In l’Économiste Édition N° 3479 du 2011/03/04

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