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vendredi 23 mars 2012

Maîtriser les coûts en microfinance

L’IMF bangladeshie ASA est reconnue internationalement comme l’une des plus grandes IMF ayant su mettre en place un modèle économique rentable et soutenable sans avoir recours aux subventions. De nombreuses IMD en Asie, mais aussi en Afrique et en Amérique Latine ont adopté ce modèle. Les chercheurs Saleh Khan et Arvind Ashta se sont penchés sur les raisons de son succès et en tirent quelques recommandations pour maîtriser les coûts d’exploitation en microfinance grâce aux pratiques de gestion interne, quelque soit le public cible de l’institution.

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La question de la soutenabilité du modèle économique des IMF


Le secteur de la microfinance est généralement caractérisé par des coûts d’exploitation assez élevés qui s’expliquent, d’une part, par la taille limitée des prêts et, d’autre part, par le grand nombre de transactions gérées par les institutions de microfinance. Ce raisonnement est souvent avancé pour justifier la pratique de taux d’intérêt élevés, seuls à même de garantir la soutenabilité du modèle économique.
Aujourd’hui, le taux d’intérêt annuel moyen des microcrédits dans le monde est de 28%. Ce taux d’intérêt se décompose entre le coût de refinancement des IMF, les provisions pour pertes sur prêts, les coûts d’exploitation et les profits. Ce sont les coûts d’exploitation qui représentent la composante principale du taux.
La question de la maîtrise des coûts d’exploitation se pose donc sur un double plan : celui de la soutenabilité du modèle économique des IMF et celui de la réduction des taux d’intérêts pratiqués. Mais d’autres produits de microfinance, tels que la micro-assurance, sont également affectés par des coûts d’exploitation élevés.

Comment réduire les coûts d’exploitation ?


La première solution suggérée par les auteurs pour réduire les coûts d’exploitation est de rationaliser les opérations grâce à l’usage de nouvelles technologies. Cet axe de réflexion est développé dans le dernierouvrage d’ArvindAshta, intitulé Advanced technologies for microfinance: solutions and challenges. Il s’agit, selon les auteurs, d’une solution pertinente, mais qui peut être découragée par le montant important des investissements initiaux nécessaires.
C’est pourquoi une seconde solution, moins coûteuse pour les IMF, est développée dans l’article : la mise en place de pratiques de gestion allégées. En se basant sur une analyse comparée de plusieurs IMF bangladeshie et sur l’étude de l’adaptation du modèle de l’IMF ASA en Afrique de l’Ouest, les auteurs tirent quelques leçons et recommandations pour le secteur de la microfinance.
Quelques pratiques de gestion conseillées sont mises en valeur dans l’article : la standardisation des opérations, la mise en place d’un guide ou de normes claires pour faciliter les prises de décision sur le plan opérationnel, la décentralisation du processus de décision ou encore l’aplatissement de la structure hiérarchique.

Quelques recommandations


Saleh Khan et Arvind Ashta aboutissent à 5 recommandations clés à destination des IMF :
  • La soutenabilité et la rentabilité des activités de microfinance dépendent directement de l’organisation interne, des processus opérationnels et de la culture institutionnelle de l’IMF.
  • Mettre en place une méthodologie rentable demande un engagement fort du personnel à tous les niveaux de l’organisation. Ce processus doit être dirigé par des cadres supérieurs.
  • En mettant l’accent sur la maîtrise des coûts d’exploitation, la réduction des coûts de transaction, l’augmentation de la productivité individuelle des agents de crédit et une structure administrative légère, il est possible de délivrer des prêts à des millions de clients pauvres de manière efficace.
  • Les IMF doivent être prêtes à réduire systématiquement les coûts à tous les niveaux de l’organisation et ne pas concentrer les efforts dans des secteurs spécifiques ou pour des tiers spécifiques.
  • Les IMF doivent redoubler d’efforts pour éviter de devenir des organisations bureaucratiques avec des superstructures lourdes.

Coûts d'exploitation, économies d'échelle et public cible : Quelques enseignements


L’étude réalisée au Bengladesh montre bien que les coûts d’exploitation peuvent différer grandement d’une IMF à l’autre. Ces différences s’expliquent notamment par les économies d’échelle (obtenues non pas grâce à la taille des prêts, mais grâce au nombre de clients) et par le fait que le coût du service apporté au client augmente avec la taille du prêt.
Les auteurs concluent cependant que l’allègement des pratiques de gestion peut être mis en œuvre quelque soit le positionnement de l’IMF en termes de public cible et que ce processus n’a pas de conséquences sur la qualité du portefeuille.

@ convergences2015.org

Retrouvez l’article complet de Saleh Khan et Arvind Ashta ici.




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