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jeudi 22 décembre 2011

Une commission révise la loi bancaire afin d'intégrer les financements alternatifs


Selon les chiffres avancés par Bank al MaghrIb (BAM), les transactions relevant de la finance islamique  ont réalisé 800 millions de dirhams au troisième trimestre de l’année en cours, soit une baisse significative de 100 millions de dirhams par rapport à la même période en 2010.  Selon les sources d’un responsable de BAM, il semblerait que la réunion à huis-clos d’un comité mixte BAM- GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc) avait pour but de revoir l’actuelle loi bancaire dans le sens de l'intégration de financements alternatifs dans le système bancaire marocain. 
D’après cette même source, le comité s'est inspiré d'un ensemble d’expériences internationales, en considérant l’expérience indonésienne qui a créé une diversité de modes de financement économique  avec l'harmonisation et les modes de financement classiques et islamiques, et leur complémentarité. Le Maroc devrait donc prendre exemple sur ces expériences pour  diversifier ces modes de financement. 
D’ici le début de l’année prochaine, il se peut que BAM procède au lancement de deux nouveaux modes de financements alternatifs appelés "Salam" et "al Istisna3",  principalement réservés aux professionnels.
En effet, BAM a souligné dans son rapport le faible niveau enregistré par la finance islamique dans le marché financier marocain. Cela est dû, d'une part, au manque d’interaction d’un bon nombre d’institutions bancaires avec les directives islamiques, et d'autre part, à la réticence de nos banques nationales  à créer une institution spécialisée dans le financement alternatif, à l’instar de la banque "Assafaa" qui a vu le jour en juin 2010. 
Selon ce même rapport, BAM a annoncé que le volume du marché de la finance islamique mondiale doublera  en 2015, avec un montant prévu de 2800 milliards de dollars.
D’après Omar el Kettani , un expert en finance islamique , le retard du marché marocain concernant ce type de financement est essentiellement dû a l’absence de volonté politique des anciens gouvernements qui ne faisaient que contrecarrer ce type d’investissements, retardant d'autant le décollage économique du pays.
De son côté, Abdeslam Bellaji, président de l’Association marocaine d’études et de recherches en économie islamique (AMEREI), affirme que le montant de 800 millions de dirhams est faible, et qu’il démontre le retard que "connaît le Maroc dans l’intégration du financement islamique dans son système financier".
 Il a également démontré que "la lenteur d'évolution du marché des finances alternatives" revient aussi à la cherté de ce genre de financement, en comparaison avec les modes bancaires classiques, ajoutant que la stagnation du marché de l’immobilier durant l’année 2011 est aussi en cause, car il est l’un des secteurs les plus concernés par les financements islamiques.
Bellaji a insisté sur le renforcement du financement islamique "comme priorité d’un Etat et d’un peuple", en considérant que c’est l’une des meilleures solutions "pour attirer les capitaux du golfe, convoités par ailleurs par un bon nombre de marchés internationaux".  Pour cet expert, "tout autre retard dans ce contexte accroîtra la crise de financement dans l’économie du pays et privera les Marocains de l’harmonisation existante entre leurs croyances islamiques et la réalité socio-économique qui est la leur".
Pour sa part, Lahcen Daoudi, professeur d’économie et député  PJD, a assuré que la précédente proposition de loi du PJD concernant les banques islamiques et les grandes institutions financières prévoit de combler le vide législatif dans ce domaine.  Toutefois, il a ajouté qu’il n’était pas sain que le Maroc soit surclassé dans ce domaine par d’autres pays. Il a estimé que le Maroc reste en retard et se prive de sa part d'un marché, d'un pactole,  mondial évalué à un montant de 1000 milliards de dollars. Daoudi a appelé les institutions financières à adopter ce type de financements, qui n'a rien d'idéologique, mais porte à satisfaire des franges de la population qui sont parfaitement en droit d'avoir accès à un mode de financement adapté à leurs besoins et leurs croyances.
C'est dans cet ordre d'idées que Bellaji prévoit, dans un premier temps, l’ajustement de l’actuelle loi bancaire dans un sens ou elle permettrait l’intégration des modes de financements alternatifs islamiques dans les offres de financement, en attendant l’adoption d’un texte juridique complémentaire aux lois bancaires actuelles, qui ne comblent plus les besoins du marché économique ni les attentes de la société marocaine.

Attajdid

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