Bien que le PJD ne soit qu'au début de ses
concertations pour gouverner, il est difficile de reléguer certaines questions
à un temps plus détendu. D'ordre économique ou sociétal, ces interrogations
persistent et intéressent les Marocains à des degrés divers.
Les libertés individuelles, l'alcool, les festivals,
le cinéma, le concubinage sont autant de sujets qui devraient faire l'objet de
débats houleux et nourrir les salves et l'argumentaire des anti-PJD. La
question des valeurs d'une société peut aussi être vue à travers un prisme
économique. Comment le PJD, fervent défenseur de la baisse de la TVA pour
améliorer le niveau de vie par la consommation, va-t-il s'y prendre aujourd'hui
qu'il est aux commandes ? Quid de la banque islamique, projet qui plaît peu ou
prou aux banques traditionnelles, qui préfèrent plutôt parler de produits
alternatifs ? Le PJD déterrera-t-il son ambition des législatives de 2007 de
booster la création d'emploi à travers l'activation d'un fonds de la zakat ? Le
conseil supérieur des Oulémas avait émis sa fatwa et le ministre sortant des
Habous avait répondu en 2007 au Parlement que le projet était en cour de
finalisation, mais depuis, silence radio.
Si l'on s'en tient aux récentes déclarations des dirigeants du PJD, ces
questions doivent être abordées avec beaucoup de précaution. Les opinions des
partenaires de la future majorité gouvernementale doivent aussi être prises en
ligne de compte. Car, comme il ne cesse de le réitérer, le PJD ne gouvernera
pas seul. Contacté, Najib Boulif, membre du secrétariat général du PJD, en
convient : «notre parti est appelé à composer avec les autres formations,
surtout de la Koutla, pour arriver à un nouveau programme homogène». Interrogé
sur le regard qu'il porte sur la fiscalité au Maroc, l'économiste du Parti de
la lampe estime qu'elle ne doit pas être seulement une source pour renflouer
les caisses de l'État. «La fiscalité doit être un outil pour booster l'économie
et revêtir ainsi une connotation plus sociale», ajoute-t-il.
Sur le sujet de la TVA, cher à Lahcen Daoudi, le SG-adjoint du PJD, M. Boulif
n'hésite pas : «la TVA doit être revue à la baisse pour les produits de base et
les médicaments. Ce n'est pas logique qu'un cardiaque paie son traitement à 2
000 DH», tonne-t-il. Par contre, nuance-t-il, les produits de luxe doivent être
surtaxés à 30% par exemple.
C'est une manière aussi de redistribuer l'effort de cette taxe indirecte pour
rééquilibrer le niveau de vie. Pour ce qui est de la banque islamique, M.
Boulif voit d'un bon œil le débat que la question a suscité durant les deux
derniers mois.
Les autorités de la finance auraient émis, récemment, des avis favorables à
l'encouragement de la banque islamique. Le moment est opportun aujourd'hui pour
que le PJD compte sur l'adhésion d'un parti comme l'Istiqlal au référentiel
islamique aussi. Ce financement conforme à la Chariaa est conçu au sein du PJD
comme un antidote qui tombe à point nommé contre l'assèchement de la liquidité
que les banques connaissent aujourd'hui.
M. Boulif donne l'exemple de la Tunisie qui a mis des textes de loi sur le
financement islamique dans le circuit législatif et qui seront adopté vers fin
décembre. «Nous ne voulons pas laisser la Tunisie nous devancer sur ce créneau.
Cela n'empêche pas que nos deux pays collaborent dans le domaine des banques
islamiques», explique le responsable.
Qu'en est-il enfin de la zakat ? M. Boulif fait automatiquement le lien entre
ce troisième précepte de l'Islam et le principe de solidarité. Pour lui, le
Fonds de la zakat peut être complémentaire de la Caisse de compensation s'il
est institutionnalisé.
Ainsi, explique-t-il, celui qui paie la zakat peut profiter, par exemple, d'une
baisse de l'IR sur présentation d'un bon de caisse, comme cela se fait lors de
l'acquisition d'un logement. L'idée peut effectivement séduire, sachant que
l'argent de la zakat existe bel et bien, mais circule dans les circuits de
l'informel.
Concernant ces sujets et d'autres encore, le PJD est convaincu qu'il faut y
aller graduellement pour ne pas choquer les équilibres établis de la société
marocaine. Selon une récente déclaration de Mustapha Ramid, membre du
secrétariat général du PJD, à une radio locale, «il est hors de question de
fermer les bars, mais les autorisations pour en ouvrir d'autres ne seront pas non
plus octroyées».
Les
électeurs ont opté pour «la rupture» à travers les urnes
Les électeurs ont opté pour la réalisation “de la rupture souhaitée en
imposant l'alternance démocratique à travers les urnes”, qui s'est traduite par
“la confiance et la majorité manifeste” accordées au Parti de la Justice et du
Développement (PJD) lors du scrutin législatif, a estimé le Parti des Forces
Citoyennes (PFC). La victoire du PJD aurait pu être “plus confortable et plus
claire avec un découpage électoral équitable et une lutte plus forte contre la
corruption politique”, a commenté le PFC dans un communiqué transmis lundi à la
MAP. “Le succès de la nouvelle expérience démocratique est intimement liée à
l'établissement d'alliances homogènes réussies entre des partis présentant des
référentiels et des programmes proches”, souligne le communiqué.
Le PFC a exprimé sa satisfaction de la victoire du PJD, rappelant qu'il était
lié à cette formation par des positions et des actions communes depuis 2003. Le
Parti de la Justice et du Développement est arrivé en tête des élections
législatives du 25 novembre dernier, en obtenant 107 sièges à la Chambre des
représentants qui en compte 395.
MAP
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