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dimanche 30 octobre 2011

Finance islamique, un marché en forte croissance


Si au Maroc, la finance islamique est encore à l’état de démarrage, il faut reconnaître qu’au niveau mondial, celle-ci a connu, au cours de ces dernières années, un développement fulgurant. Les institutions islamiques opère ainsi dans plus de 75 pays dans le monde avec des actifs financiers répondant aux critères de la Charia. Selon celle-ci, les contrats de financement islamiques ne doivent pas aller à l’encontre des principes fondamentaux de la Charia. Cela implique, d’abord, l’interdiction de toute sorte d’intérêt payé ou reçu et ce quelle que soit la nature ou la grandeur de la transaction. Cette interdiction ne se limite pas à un taux usurier mais inclut toute sorte d’intérêt. Tout revenu fixe et prédéterminé, connu ex-ante, indépendant de la rentabilité de l’actif financé n’est pas admis. Cette règle s’applique également aux intérêts variables et connus seulement ex-post. Ensuite, les contrats entrainent obligatoirement le partage des pertes et profits. Cette notion de partage des risques entre entrepreneurs et investisseurs est des éléments clés dans le concept de finance islamique. Ce partage est déterminé contractuellement et peut ne pas être égalitaire mais doit être tout le temps équitable. Par ailleurs, les activités contenant des éléments d’incertitude excessives ou qui reposent sur la spéculations en vue de réaliser un profit son interdits. Ainsi, dans tous les contrats islamiques, il n’est pas admis que l’objet du contrat soit conditionné par la réalisation d’un événement (Gharar) qui peut survenir ou pas. En outre, toute transaction financière islamique doit être adossée à un actif tangible réel et matériel. Ce qui contribue au renforcement de la stabilité économique et la maitrise de risque. Enfin, un financement islamique ne peut avoir pour objet un investissement dans une activité interdite par la Charia.Si la finance classique est axée sur l’optimisation du couple Risque/Rentabilité, la finance islamique ne considère pas la profitabilité comme seul critère de décision.


Plusieurs instruments de financement


Toutefois, et à l’instar de la finance classique, la finance islamique propose des solutions de financement répondant aux besoins des investisseurs avec des règles de fonctionnement et des principes différents. Globalement, on distingue deux grandes familles de financement : le financement en fonds propres et la dette ou les financement basés sur le partage des risques et le transfert d’actifs. Les instruments de dette (le transfert d’actif) sont proches de ceux de la finance conventionnelle mais avec toutefois des différences fondamentales. Ces instruments prévoient une répartition du risque spécifique et excluent la rémunération sous forme d’intérêt. Parmi les contrats de financement islamiques les plus répandus figurent : Mourabaha (financement basé sur le principe du coût majoré), Mourabaha inversée (financement des acquisitions de matières premières), Ijara (crédit bai basé sur le principe du coût majoré), Ijarawa-Iqtinaa (Ijara simple attaché à une option d’achat), Ijara Mawsufah Fi Dimmah (crédit bail anticipé), Contrat Salam (payer en avance des biens qui seront livrés à terme), Istinaa (il diffère du contrat Salam du fait qu’il offre plus de flexibilité au niveau du paiement) et Qard al Hassan (instrument de dette gratuit qui s’apparente à une aide financière). La finance islamique offre également de nombreux instruments apparentés à des actions. Il s’agit des financements participatifs qui reposent sur le principe de partage de bénéfices et de pertes ainsi que sur une hypothèse de prise de risque commerciale pour le financier. Parmi ces instruments on note : Mousharaka (contrat de partage de profits et pertes), la Mousharaka décroissante, Moudaraba (joint-venture), Takaful (produit d’assurance).

Actifs estimés à 950 milliards de dollars


De même, les Sukuk (Certificat d’investissement), proches des obligations conventionnelles avec néanmoins des différences fondamentales (rémunération en fonction de la performance des actifs) ont connu un développement notable au cours de ces dernières années. Les Sukuks peuvent être émis par des gouvernements et des entreprises privées et permettent aux investisseurs de détenir des anticipations dans les actifs sous-jacents avec une rémunération qui sera fonction de la performance de ces actifs. Il existe plusieurs variétés de Sukuks : Sukuk Salam, Sukuk Istitna, Sukuk Mourabaha, Sukuk Mousharaba, Sukuk Ijara, etc. L’élément fondamental qui caractérise les Sukuks est en relation avec leur négociabilité sur le marché secondaire. Toutefois, selon la Charia, seulement les Sukuks ayant comme sous-jacent un actif tangible, corporel tel qu’une participation dans une entreprise ou un portefeuille d’investissement peuvent être négociables sur le marché secondaire. En outre, les Sukuks sont différents des produits de titrisation classiques. En effet, lors d’une titrisation, le porteur de parts est exposé au risque de crédit du cash-flow titrisé, étant donné que l’émetteur ne fait que transférer le risque de crédit sous jacent aux différents investisseurs. Selon Standard & Poor’s, le marché des Sukuks se chiffre actuellement aux alentours de 100 milliards de dollars. Les fonds d’investissement islamiques constituent une autre variante des instruments financiers islamiques proches des fonds d’investissements classiques à la différence que tous les placements effectués par ces fonds et les objectifs d’investissement doivent être conformes à la Charia : placements conformes à la Charia, absence d’intérêt, revenus conformes à la Charia, etc. On recense plus de 717 fonds islamiques pour un volume de 77 milliards de dirhams, soit 10 % de la taille d marché des fonds d’investissement. Ce marché est très concentré sr trois pays : la Malaisie, l’Arabie saoudite et le Kuwait. Enfin, le financement de projets (project finance), selon les percepts de l’islam, permet de contribuer au financement de grands projets publics et/ou privés. Toutefois se pose le problème d’adéquation entre la maturité des ressources ‘dépôts à court terme) et de leurs emplois qui seront long-termes dans ce genre de financement. Enfin, signalons qu de plsu n plus e banques occidentales font coexister la finance classique à la finance islamique. C’est le cas notamment de HSBC Amanah, ABN Amro, Citi Islamic Investment bank, BNP Paribas, Barclays, etc. le marché des services financiers islamiques, tels que mesurés par des actifs conformes à la Charia, est estimé à 951 milliards de dollars à fin 2008.

MD - jeudi 27 octobre 2011 -  La Nouvelle Tribune

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